Le Kaiser, c’est Guillaume II, empereur d’Allemagne et surtout belligérant, en ces années 1914-18 qui vont sceller à jamais le destin de Magda et Victor Schwob propriétaires du Grand Hôtel des Ardennes, sis à Vieux-Ménil (Belgique) sauvagement incendié par un escadron ennemi, le 22 août 1914

Une journée qui aurait dû être rayée des calendriers: Guillaume Schwob, 14 ans, est tué à bout portant par un jeune lieutenant teuton en mal d’autorité.

Un deuil dont ne se remet Magda, mère- modèle de huit enfants et cuisinière hors pair.

Alors, quand l’occasion lui est donnée de « cuisiner » quelque peu le Kaiser – himself- sur les motifs de cette boucherie humaine, Magda entame avec lui un dialogue dont bon sens et franchise heurtent son impérial interlocuteur

Tant il est vrai qu’« A la guerre, de toute façon, il n’y a que les innocents qui meurent, à commencer par les militaires » 

 Lui sera-t-il possible de tourner la page de ce bonheur familial si injustement fracassé ?

Il est permis d’en douter

Mais la vengeance est piètre conseillère qui n’apaise ni ne ressuscite la sérénité révolue.

A partir des notes de son arrière-grand-mère, dûment consignées dans un carnet, le narrateur retrace l’épopée d’une famille nombreuse, belge, ordinaire, aux ramifications multiples et prises avec des événements extraordinaires

Une nouvelle fois, Armel Job décortique l’âme, les pensées, propos et actions de ses protagonistes, les limites de leur résilience  et les traduit en cette palette de clair-obscur qui est sa signature

Apolline Elter

La cuisinière du Kaiser, Armel Job, roman, Ed. Robert Laffont, février 2025, 304 pp