Assorti de la prudente mention de roman, le témoignage de Flavie Flament sur les abus sexuels dont elle fut victime à l’âge de treize ans a suscité bien des réactions. Le suicide, fin novembre, du photographe octagénaire David Hamilton, incriminé à mots couverts, semble corroborer ces effroyables accusations.
» Que ceux qui dorment tranquilles sur l’oreiller de mon silence poli depuis tant d’années comprennent leur méprise: la petite fille que j’étais a toujours crié au fond de moi et n’a jamais douté de la cause de son indignation.
Le silence a cette vertu de paraître éternel. Mais tant qu’on est vivant, on peut le briser. »
Si la célèbre animatrice-TV a pu garder silence toutes ces années durant, c’est qu’elle s’était mentalement enfuie, dissociée de « Poupette », l’enfant – bafouée – qu’elle était. Une enfant instrumentée par une mère déprimée par la routine du foyer. De là à donner ingénument sa fille en pâture à un photographe, durant l’été 1987, passé parmi les nudistes du Cap d’Agde…
» J’étais Poupette. Personne ne l’a aidée. Même pas moi. »
Jalonné de constats cinglants, d’allers et retours entre présent et passé, finement identifiés par l’emploi de polices différentes, le récit donne d’autant plus froid à l’âme que le lecteur saisit la relation destructrice que la mère impose à sa fille : régime alimentaire draconien, mépris, chosification…tant de vils moyens au service de ses glauques desseins.
Précipitée dans des « attaques de panique » au décès de son cher Papy, Flavie va entreprendre un long chemin de « consolation’, de guérison auprès d’un psychiatre. Elle va se reconnecter avec la Poupette fuie, abandonnée dans la détresse abyssale de son inconscient.
La consolation, Flavie Flament, roman, Ed. JC Lattès, oct. 2016, 256 pp
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