L’énorme commode en chêne massif abrite dix tiroirs. Trois rangées de trois, pas parfaitement alignés, et un petit rose en dessous, seul. Ma fascination pour l’interdit n’a pas diminué avec les années, j’ai l’impression que je vais mettre ma main dans le feu. Je guette le dixième tiroir, le plus petit, celui qui n’a rien à faire là. Le plus mystérieux.
Magnifique prétexte narratif pour le premier roman d’Olivia RUIZ, que cette commode aux dix tiroirs, héritée par la narratrice de son « abuela », sa grand-mère, au décès de cette dernière.
L’ouverture de ces « renferme-mémoire » révèle à la jeune femme la vérité de sa lignée familale, les épisodes tragiques, sur fond de guerre civile espagnole, qui l’ont endeuillée et favorisé, partant, destins imprévus et secrets lourdement enfouis.
La narratrice devient la digne représentante d’une lignée de femmes courageuses, dépositaire d’un solennel passage de flambeau
Et d’un récit flamboyant
Quand je te regarde, je me dis que je n’ai pas tout raté. Que la vie n’a finalement pas été qu’une puta avec moi. Chacun de tes sourires a comblé mes manques et balayé les nuages noirs d’un puissant souffle chaud. Tes choix ont donné du sens à ma vie et à mes combats, sans que je t’y guide. À toi seule tu es chacune d’entre nous, (…)
La commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz, roman, Ed. JC Lattès, juin 2020, 208 pp