Exercice périlleux que d’aborder le prix Goncourt en cours.
Je m’y emploierai avec la sincérité que vous me connaissez.
Mon sentiment global?
Ce prix, Michel Houellebecq ne l’a pas volé: l’écriture est soignée, précise jusqu’à la méticulosité – la complaisance de descriptions fouillées s’allie à une vraie exigence de plume: le lecteur a toutes les raisons de se sentir respecté.
Le fond regorge d’avis tranchés – tranchants- sur notre société. Tranchons qu’ils ne sont pas très emballants et réjouissons-nous que cette attribution délivre le prochain Goncourt de cette fatalité morose et d’une réalité à laquelle il ne pouvait se soustraire éternellement. En d’autres mots, z’ont eu raison de le lui attribuer, c’est entendu, n’en parlons plus.
A vous de trancher.
Entrons, partant, dans le vif du sujet.
A savoir la genèse de la carrière de Jed Martin, artiste dont la cote (et le prix des toiles) va exploser au départ d’une exposition de photos de cartes routières Michelin et de portraits de personnalités extraordinaires: notamment un Michel Houellebecq « saisi dans l’exercice de sa profession. » Focalisant son zoom sur un être aussi génial que dépourvu d’enthousiasme, Michel Houellebecq traduit, pointes d’humour féroce à l’appui, un désenchantement vital peu ..vivifiant.
Le titre de l’exposition « LA CARTE EST PLUS INTERESSANTE QUE LE TERRITOIRE » semble nous inviter à préférer à la vie, le discours qui en est fait. Est-ce la clef du roman, qui passe sous la moulinette plus d’un » people« , en ce compris Michel Houellebecq qui se livre à un autoportrait pas totalement complaisant et la mise en scène de son propre meurtre. Ce doit être de l’humour. Et l’occasion rêvée pour rappeler le catalogue des ses publications.
Nervalien contenu à la mode anglo-saxonne – Houellebecq a le désabusement modéré et un côté second degré malgré tout spirituel – Jed quittera la vie comme l’on peut quitter le roman: « C’est ainsi que Jed Martin prit congé d’une existence à laquelle il n’avait jamais totalement adhéré.«
Au risque de passer à côté d’une oeuvre d’un créateur de génie.
Apolline Elter
La carte et le territoire, Michel Houellebecq, roman, Flammarion, septembre 2010, 432 pp, 22 €.
Prix Goncourt 2010
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