Visitant une légende – celle de la bête de Gévaudan, semeuse de terreur et de mort, Catherine Hermary Vieille nous invite à raisonner le mystère, en percer le secret.
Nous sommes au XVIII, dans le village français de La Besseyre-Saint-Mary.
Fils de Jean Chastel, Simon revient au village après une absence de quelques années. Tue aux siens, une captivité l’a enchaîné à l’entretien de la ménagerie d’un dey algérois, l’a castré. Il s’en est échappé, accompagné d’une bête féroce et vengeresse:
« La Bête est presque adulte, elle sera grande, puissante avec des mâchoires redoutables, des dents acérées. Antoine la sort en laisse la nuit, elle hume les odeurs, écoute les sons, apprend le monde. Pour aiguiser son agressivité, d’un claquement de langue, il la lance contre des chats errants, des poules égarées, des rats. A l’instant, elle lui obéit, ramène sa proie. Antoine ne la lui laisse pas toujours. Il veut qu’elle puisse tuer pour tuer, imposer sa propre force, lui procurer la jouissance d’être le maître de la vie et de la mort. »
Pris d’une hystérie assassine, Antoine va perpétrer, par le biais de sa bête et d’une deuxième bientôt, les meurtres sanguinolents, d’enfants, de jeunes et fraîches chairs….
» Tuer une femme est une forme d’amour, tuer un homme un châtiment. »
De la pure et saisissante jubilation sanguinaire. Et une terreur qui lentement s’instille parmi les habitants du village, un soupçon délétère, dans le chef du père.
Un pacte pervers d’amour (contrarié) et de mort.
La bête, Catherine Hermary-Vieille, roman, Ed. Albin Michel, février 2014, 156 pp, 15 €
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