Qui n’a été amoureuse de Mehdi, l’ami de Belle, craquant bonhomme qui évoluait parmi les hommes, quand ce n’était à bord de la Mary-Morgane… aussi beau que buté, grand frère en âge, petit, à l’écran. Qui n’a prêté l’oreille aux rumeurs délétères qui entourèrent sa supposée disparition de la scène médiatique?
« Confusion des sentiments, confusion des événements…Il fallait remettre de l’ordre dans tout cela, démêler le vrai du faux. C’est pourquoi, cinquante ans après, j’éprouve le besoin de dérouler la bobine de ma drôle de vie »
Une bobine fameusement captivante.
Sous le prétexte de répondre à quelques-unes des innombrables missives que lui valait sa célébrité, Mehdi El Mezouari El Glaoui, âgé aujourd’hui de cinquante-sept ans, délie sa langue et le fil de sa vie. Une vie marquée par la difficile gestion d’une célébrité précoce et d’une relation fusionnelle, à sa mère, Cécile Aubry.
Un témoignage surprenant de sincérité, d’ouverture et même d’humilité.
Emancipé avant l’heure, Mehdi part à la conquête de sa liberté, de son identité, multipliant les petits boulots précaires et grandes rencontres amicales. La quête de ses origines marocaines – Mehdi est le fils d’un caïd de Ouarzazate lui-même fils d’un pacha, dont la prospérité a pris fin avec celle du protectorat français – lui révèle les secrets de son sang mais aussi la complexité de porter un nom à ce point …investi quand on ne parle pas la langue du pays.
« Mon nom est un passeport pour les vérifications en tout genre, les petites vexations et les innombrables pertes de temps. Je suis Le Marocain en France. Et LE Français au Maroc. Petit Blanc, chez les uns, petit Beur, chez les autres. »
Césarisé en 1985 pour la production d’un court-métrage, Première Classe, Mehdi El Glaoui poursuit sa carrière sur les planches, devant et derrière la caméra. Marié à l’actrice Virginie Stevenoot, orphelin de « Pucky », sa maman, décédée en 2010, il endosse le rôle d’André, le chasseur, dans le superbe remake de Belle et Sébastien produit par Nicolas Vanier (fin 2013 – voir chronique sur ce blog) . Assez remarquable est la bienveillance qu’il manifeste à l’égard de la production et de Felix Bossuet, le nouveau Sébastien.
Décidément, ce récit est pétri d’apaisement, d’élégance et de nostalgie positive.
Ce faisant, l »acteur se montre clairement ouvert à l’avenir, à toute nouvelle proposition
« Je ne voudrais pas que Sébastien soit le seul tube de ma vie. Je voudrais qu’on m’offre la possibilité de m’évader de mon enfance »
Apolline Elter
La Belle histoire de Sébastien, Mehdi, Témoignage, Ed. Michel Lafon, décembre 2013, 240 pp, 17,95 €
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