« Nous voilà, lui et moi, réduits à nos seules silhouettes, l’un en face de l’autre, comme un voleur et sa victime tombés nez à nez. À quel spectacle muet me convie-t-il ? »
Lui, c’est King KasaÏ,
« Moi » (enfin lui) c’est Christophe Boltanski, écrivain majeur à nos yeux et hôte, une nuit durant de l‘Africa museum de Tervuren (aux confins de Bruxelles):.
Le journaliste, écrivain, reporter aussi – autoproclamé « enfant de Tintin » – s’est donc rendu près de chez nous, répondant au principe – génial – de la collection » Ma nuit au musée ».
Il y campe durant une nuit pluvieuse, solitaire et sans doute glacée, sous la rotonde du musée, face à la dépouille taxidermisée de King Kasaï, un éléphant géant abattu au Kasai en 1956 et exposée en guise de trophée lors de l’Exposition universelle de 1958,( à Bruxelles)
Pareille confrontation suscite bien des réflexions.
Et un passionnant retour historique sur le passé colonial de la Belgique
Et Christophe Boltanski de battre notre coulpe et surtout celle du Roi Léopold II face aux exactions commises sous le couvert de la colonisation. Les temps ont – heureusement -changé et le musée lui-même a opéré un profond lifting pour « décoloniser » son parcours et délivrer le regard du visiteur d’un passé peu glorieux, pétri de stéréotypes et de préjugés.
Voilà qui suscite grandement l’envie de s’y rendre
Ce sera bientôt chose faite
Apolline Elter
King Kasaï, Christophe Boltanski, essai, Ed. Stock, coll. “Ma nuit au musée”, janvier 2023, 160 pp