Lorsque Estellia accouche de son sixième enfant, une fille chétive; elle soupçonne d’emblée que son destin sera fracassé.
Alors que Madeleine, septième enfant est accueillie à bras ouverts, qui permet à sa mère d’accéder à la « plénitude de la maternité », d’être couronnée de cet urugori rwandais, réservé aux mères de sept enfants
Julienne grandit, fluette et déterminée, hors des canons esthétiques des siens, sous la protection de LIdia sa grande soeur
Mais l’apartheid imposée par les Hutus contraint Lidia à s’exiler au Burundi, abandonnant Julienne à son sort ingrat
Et cette dernière d’obtenir un passeport pour la rejoindre au prix d’un viol perpétré par le « bourgmestre », d’une grossesse funeste et d’un avortement sadique et douloureux
Sa beauté, la fascination qu’elle exerce sur les hommes, jettent Julienne dans les rêts à la fois doux et inquiétants de Bob as Robert Van Kloots, un muzungu de Bruxelles, sorte de mercenaire dont la fortune croît au rythme d’absences mystérieuses et fréquentes
Le Belge l’emmène en sa patrie, l’installe dans un joli appartement bruxellois et la promène, à travers la planète, disposant d’elle comme un jouet de luxe.
Tout cela ne laisse pas d’inquiéter LIdia et…. le lecteur
Promenant son talent de conteuse hors pair, pimenté d’images éloquentes, colorées et chorales sur les trois décennies qui précèdent le génocide rwandais, l’écrivaine franco-rwandaise nous fait littéralement vibrer à l’unisson de la minorité tutsi de l’époque
Une lecture qui nous envoûte d’Afrique d’amour – très fort – et de mort
Apolline Elter
Julienne, Scholastique Mukasonga, roman, Ed Gallimard, mars 2024, 224 pp