» Les infirmières portent des armoires à glace émotionnelles sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de l’espoir. A elles la lourde charge de diffuser quelques bribes de lumière aux quatre coins de l’enfer, là où les anges perdus font du stop à main nue. (…) Elles gagnent à être (re)connues. »
Mathias Malzieu est le fondateur du groupe rock Dionysos. Il est doté d’une créativité à tout crin, écrit -très bien – compose, scénarise des films, bref, il vit à 200 à l’heure. Une fatigue le saisit, fin novembre 2013, qui rapidement révèle une aplasie médullaire, entendez une maladie rare, auto-immune, qui stoppe net le fonctionnement de la moelle osseuse, fait chuter drastiquement globules et plaquettes. Le risque d’hémorragie est grand qui peut le conduire à se transformer « en arrosage automatique d’hémoglobine« .
De sévère, l’aplasie médullaire se développe réfractaire…
Du long (et victorieux) combat contre la maladie, ses embûches, ses attentes, les confrontations de son corps malade avec celui du monde médical, Mathias Malzieu décide de rédiger le journal. Chapitres courts et vifs, plume alerte, nourrie d’humour, d’autodérision et de formules inventives se succèdent, qui sont hommage au personnel soignant, aux proches qui l’ont soutenu, à la nouvelle « mère biologique » qui a cédé le cordon ombilical salvateur.
On dit que l’humour est la politesse du désespoir; il est aussi courtoisie face à la maladie, magnifique clin d’oeil à la vie.
Un témoignage pudique, sobre, éminemment attachant.
« Je suis rescapé d’un crash en moi-même. Les papilles gustatives de mes émotions sont en alerte maximum. Le normal correspond à l’extraordinaire. »
Je vous en recommande la lecture
Apolline Elter
Journal d’un vampire en pyjama, Mathias Malzieu, témoignage, Ed. Albin Michel, janvier 2016, 236 pp
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