Belle initiative que celle des maisons d’édition du groupe Editis et généreux relai de la part de 64 de leurs auteurs- et non des moindres – que d’offrir ces textes, lettres, nouvelles, pensées et mots, tous inspirés du confinement.
A l’instar des » Maux par la fenêtre », sorte de conte surréaliste, charmant et percutant, jailli de la plume de Marc LEVY – mon coup de coeur perso – les textes se succèdent, qui revêtent parfois le tour de confidences, telles les évocations de Philippe Jaenada ( Libéré des livrées) d’un ermitage résolument consenti, de Murielle Magellan ( Ridiculum non te occidit) , d’un état d’esprit… testamentaire et de Romain Slocombe (La machine à écrire) , de ses premières impressions tapuscrites.
Avec sa Lettre à mon inconnu, Yasmina Khadra recentre le propos sur l’homme: « L’homme se doit de redevenir le pouls de notre foi, le socle de l’ensemble des prophéties. C’est parce que nous avons cru pouvoir nous passer de lui que nous avons couru à notre perte. » Et de conclure : « Ce virus implacable et fourbe porte en lui un message cosmique : la vie n’est qu’une flammèche qu’un rien pourrait éteindre, faites-en une torche à deux, faites-en un soleil pour dépolluer vos zones d’ombre et nourrissez-vous les uns des autres. »
Si Lorraine Fouchet ( Dans le même bateau) envisage la cohabitation, de 45 jours, pénible au début, entre un ado et ses parents, elle en dégage finalement des bénéfices rassurants.
Issue également du stylo d’un ado, la lettre de Tatiana de Rosnay ( Léo et le cerf) est poignante, qui évoque la relation de Léo à son grand-père confiné dans la Drôme
Camille Pascal ( Voyage autour de mon salon) évoque avec brio sa propension à rêvasser au sein d’un salon peuplé de souvenirs éloquents, tandis que Rachel Vanier revendique la spirituelle Lettre d’un globe terrestre à son propriétaire et Arnaud Le Guilcher (Envoyer du steak) se prend d’une obsession drolatique pour les catalogues carnivores…
Des plumes de haut vol pour un envol de beaux et puissants textes depuis les fenêtres ouvertes du confinement.
Je vous conseille d’autant plus vivement l’achat de ce recueil – numérique, confinement oblige – que la totalité des bénéfices engrangés sera versée à la Fondation des Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France
Apolline Elter
Des mots par la fenêtre, collectif d’auteurs, Ed. Editis, 4, ,99 €