Rendre compte en une trentaine de pages de la vie, de l’oeuvre, de l’engagement.. .existentiel d’un être aussi prolixe et connu que Jean-Paul Sartre relève de la gageure ; Le défi est relevé brillamment par Marianne Jaeglé qui signe, en la collection des « Petits illustrés » (Editions du Nouveau monde) une synthèse claire (et vivifiante) du parcours de l’écrivain.
Voilà qui fait du bien.
Né le jour de l’été 1905 au sein d’une famille bourgeoise plutôt catholique, « Poulou » vit une enfance plutôt choyée, malgré le décès de son père, un an après sa naissance.
La rencontre avec Simone de Beauvoir [NDLR: 1929] scelle une relation vitale, frappée d’indépendance et d’esprit de liberté. Le couple vivra, farouchement attaché au mode de l’union libre.
Une captivité à Trier (de l’été 1941 au printemps 1942), supportée de façon créative, génère la conception sartrienne et paradoxale de la liberté – » L’homme est condamné à être libre »- partant, les germes de l’existentialisme – L’existence précède l’essence – qui fait du philosophe le maître à penser d’une importante tranche de la génération après-guerre.
Une génération qui se retrouve à Saint-Germain des Près où Jean-Paul Sartre emménage dès 1945, fréquente les nombreux cafés et endroits branchés au courant existentiel et assiste aux pièces de « théâtre de situation« , Huis Clos, La nausée, Les mains sales, …qui en sont la tribune.
Dans le même temps, JPS fonde une revue, Les temps modernes, qui fait éclore sa conception de l’écrivain engagé, l’obligation pour les intellectuels d’influer le cours de la société. Quitte à manquer, parfois, de lucidité…
Sa carrière littéraire culmine avec Les Mots (1963) qui lui valent, en 1964, un Prix Nobel… refusé et le scandale qui s’ensuit.
De plus en plus tourné vers la gauche prolétarienne, persuadé du côté réactionnaire de la presse de l’époque, Sartre préside à la création du journal Libération dont la première édition paraît le 23 mai 1973.
Quelques mois plus tard, le philosophe perd complètement la vue à la suite d’une hémorragie oculaire. Il vit les sept dernières années de son existence dans une semi- et sombre retraite dont il ne parvient pas à s’extraire.
Il meurt le 15 avril 1980, drainant, à ses obsèques, plusieurs dizaines de milliers de personnes.
AE
Jean-Paul Sartre, Marianne Jaeglé, Ed. du Nouveau Monde, coll. » Les petits illustrés », mars 2005, 36 pp, 3 €
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