» Au mitan de sa vie, Rousseau a connu toutes les désillusions, la honte, l’amertume qu’un plébéien découvre au contact des nantis de son temps. Le destin de Jean-Jacques Rousseau est ailleurs, loin des gloires reconnues (Voltaire, Rameau), au plus près de quelques jeunes intellectuels – pour la plupart issus de province – au faîte de leur trentaine hautaine, qui ont pour noms, Condillac, d’Alembert et Diderot »
Nous quittons à regret Grignan – pas pour longtemps, rassurez-vous – le temps de rendre un dernier hommage à Jean-Jacques Rousseau, dont le tricentenaire (de naissance ) a été célébré , abondamment, depuis le 28 juin dernier. L’occasion d’évoquer un portrait bien rédigé, celui de la collection « Découvertes Gallimard », écrit de la plume de Marc-Vincent Howlett.
Embrassant la chronologie d’un parcours riche, passionné, tumultueux, provocateur, …si l’on en juge les nombreux ennemis que l’impétueux penseur ne manqua de se faire, l’ouvrage est superbement illustré. C’est une des qualités indéniables de la collection des « Découvertes Gallimard » que d’illustrer un texte dense, de documents de qualité. La pensée complexe, religieuse, éducative, sociale et politique du philosophe est située dans son contexte, éclairant de la sorte ses prises de position radicales. Une démarche comparable à celle des célèbres Confessions, que l’écrivain rédigea à la fin de sa vie, en guise d'(auto)- justification.
Pétri de vérité – jusqu’au délire – d’orgueil et d’une certaine paranoïa, Rousseau bénéficie de l’aide de protecteurs inattendus, tels les Maréchal de Luxembourg, Prince de Conti, Frédéric II, roi de Prusse, …tandis que Calvinistes et cathos se liguent de concert contre lui.
Un être à part qui sema, de sa pensée radicale, les germes de notre mentalité occidentale contemporaine.
Apolline Elter
Jean-Jacques Rousseau. L’homme qui croyait en l’homme, Marc-Vincent Howlett, essai, Découvertes-Gallimard, 1989 – nouvelle édition 2012, 196 pp.
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