« Il faut convenir que je suis une bien bonne personne. Je t’ai un peu grondé avant-hier, et cela m’a mise mal à l’aise toute la journée d’hier, et cependant j’avais raison d’être mécontente, et, mon ami, c’était mal à toi de m’avoir causé ce petit chagrin. Après tout, c’est toi qui m’as rendue si difficile, qui m’as habituée à tant de délicatesse dans l’amour, à tant de de confiance. Dans une union comme la nôtre, tout est senti, tout est apprécié; et les légers nuages qui s’élèvent entre nous seraient, à coup sûr, le beau temps de tous les autres »
Ainsi s’exprime Claire de Vergennes, comtesse de Rémusat qui, d’Aix la Chapelle, ce 12 août 1808, gourmande son époux, Auguste, Premier Chambellan de l’empereur Napoléon. Précipité à travers l’Europe entière, à la suite de ce dernier, Auguste de Rémusat sera séparé de son épouse plus de dix ans durant.
Du vouvoiement au tutoiement, la comtesse lui conte les petits riens du quotidien, les impressions sociologiques d’une Cour dont elle s’écarte au fil des années. Dame de Palais de l’impératrice Joséphine, Claire de Rémusat était réputée femme austère; le ton de sa correspondance nous la révèle autrement chaleureuse.
Témoin d’un nouveau mode de relations entre conjoints en ce début de XIXe siècle, sa plume court, raffinée, magistrale, à la rencontre de l’homme aimé.
Une belle révélation
Apolline Elter
» Je vous dirai, cher ami… » Lettres de Madame de Rémusat à son mari (1804- 1813), édition établie, présentée et annotée par Hannelore Demmer, Ed. Mercure de France, janvier 2016, 364 pp
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