» Ce soir-là dans le noir, j’ai pris Suzanne chastement dans mes bras. Je ne pouvais pas faire plus. Ce fut pour moi une nouvelle nuit blanche. Au lieu de me rassurer, ses aveux m’avaient complètement ébranlé. (…) Je me trouvais vraiment dans une situation affligeante: j’avais perdu celle que j’aimais et venais de comprendre que j’avais aussi esquinté l’autre. Quel tableau… J’avais perdu l’amour de ma vie pour rester avec une femme qui ne me quittait pas à cause de son fromager et son charcutier. »
Extraite du roman d’Anna Gavalda, cette première infusion dominicale nous plonge au coeur de la vie de Pierre Dippel et du long récit qu’il en offre à Chloé, sa belle-fille. Adrien, son mari, a décidé de la quitter, assumant par là une décision que son père n’a pas eu le courage de prendre en pareilles circonstances. Ce dernier emmène Chloé et ses filles à la campagne, entreprenant, par le récit de ses confidences de justifier en quelque sorte son fils et de permettre à sa bru de s’en affranchir totalement.
Une histoire qui se dote d’un double foyer: la vedette du départ cède subtilement la place à son interlocuteur, par le biais d’un jeu de flash backs et de confidences intimes saisies au coin d’un feu de bois.
Rendez-vous dimanche prochain, dès 17 heures pour l’aperçu du film que Zabou Breitman a adapté du roman.
Apolline Elter
Je l’aimais, Anna Gavalda, roman, Le Dilettante, 2002 ( J’ai Lu, Livre de Poche)
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