James Ensor au Musée d’Orsay

James Ensor au Musée d'Orsay

Le superbe – j’ai un penchant très incliné pour lui – Musée d’Orsay accueille jusqu’au 4 février prochain une non moins superbe exposition consacrée à James (Art) Ensor, peintre et compatriote à la fois.

L’occasion de nous pencher sur la longue vie de l’artiste et quelques-unes de ses compositions majeures.

Longue vie.

James Ensor naît à Ostende (Belgique), le vendredi 13 avril 1860. Il y mourra 89 ans plus tard (1949).

Son père, James Frederic (Ensor of course) est Anglais. En visite dans la station balnéaire il a rencontré une demoiselle Haeghemans,  jeune fille issue de la bourgeoise commerçante. L’a épousée, s’est investi dans le commerce et un cercle familial hautement matriarcal…Mais les affaires n’ont pas marché pour lui et la faillite l’entraîne dans la boisson sous le regard peu amène de ses belle-mère, belle-soeur dont il partage le toit.

Le petit James est, lui aussi, livré à la domination féminine et son penchant pour l’art ne soulève guère l’enthousiasme maternel; n’empêche, le jeune homme entre, à 17 ans, à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et revient 3 ans plus tard en sa ville natale qu’il quittera le moins possible. Très casanier l’ami Ensor….

James Ensor au Musée d'Orsay

Après-midi à Ostende (1881)

Voilà bien un intérieur bourgeois comme a dû le connaître l’artiste. Des femmes, fondues dans l’atmosphère ambiante, confondues d’ennui et de bonnes manières, prennent le thé…

L’exposition du Musée d’Orsay propose un parcours à la fois chronologique et thématique de l’oeuvre de James Ensor. Quatre périodes y sont scindées, présentant respectivement des oeuvres naturalistes (voire impressionnistes), des oeuvres mystiques, inspirées des Evangiles, des oeuvres sarcastiques voire caricaturales et une série impressionnante d’auto-portraits de pure tradition narcissique.

A l’instar de l’exposition qui s’était tenue au MoMa (New York) durant l’été 2009, parti a été pris de privilégier les oeuvres antérieures à 1900 qui représentent la période la plus créative de l’artiste.

James Ensor au Musée d'Orsay

La célèbre mangeuse d’huîtres (1882) . La toile avait été décriée lors de sa présentation, au grand dépit d’Ensor. Les couleurs étaient notamment jugées trop vives, trop tranchées.. , la mangeuse, trop plantureuse, les huîtres, …trop savoureuses. Observons toutefois l’importance de la lumière qui sera la signature d’Ensor à travers toute son oeuvre, son leit-motiv. Pâmons-nous sur la transparence cristalline des verres et cristaux, le drapé de la nappe…

Ajoutons qu’Ensor avait une conception musicale de son oeuvre (il composera d’ailleurs, en 1911, la musique de son ballet-pantomime La Gamme). Au Roi Léopold II qui lui demande, en 1886, lors d’une visite au Salon des Vingt ce que représentent les tableaux, il rétorquera :  » Ce ne sont pas des tableaux, Sire, ce sont des symphonies ».

Modeste, Ensor ne l’était pas. Il nourrissait une haute opinion de son art, guère assez partagée à son goût. De là à trouver que la vie – bourgeoise surtout – n’est qu’une vaste mascarade…

James Ensor au Musée d'Orsay

L’Intrigue (1890)

Que ne se sera-t-on penché sur la double portée du masque ensorien: masque qui déguise et révèle à la fois la personnalité cachée…Le choix thématique provient aussi de l’enfance de l’artiste et de la boutique familiale qui louait des masques aux Ostendais lors du célèbre carnaval de la ville.

La violence qui émane du tableau provient notamment de l’emploi, à partir de cette époque, de couleurs pures (Ensor remarque alors une altération, un noircissement des couleurs – mélangées – utilisées dans les tableaux passés) . L’explosion chromatique fait de lui un précurseur du fauvisme.

Malgré qu’il ait co-fondé en 1883, Le Cercle des Vingt (devenu dix ans plus tard La Libre Esthétique) , James Ensor n’a jamais appartenu à une Ecole en particulier. Il se voulait chef de file d’un mouvement, il aura au moins été précurseur de quelques-uns, fauvisme, expressionnisme, futurisme….

Apolline Elter

James (art) Ensor, au musée d’Orsay. Jusqu’au 4 février 2010

Sources de l’article:

– audio-guide (visite)

– Catalogue de l’exposition (Beaux-Arts Editions – 8 €)

Ensor, le Carnaval de la vie, Laurence Madeline, in Découvertes Gallimard, Hors Série, 2009, 8,4 €

3 commentaires sur “James Ensor au Musée d’Orsay

  • Un petit Belge 3 janvier 2010 at 11 h 28 min

    En novembre, j’ai profité de mon passage à Paris pour visiter cette exposition qui est très bien présentée (mais je dois reconnaître que je ne suis pas un grand fan de James Ensor). Par contre, le Musée d’Orsay – que je découvrais pour la première fois – m’a beaucoup plu, tant par l’architecture du lieu, les fenêtres qui donnent sur la Seine que les oeuvres présentées (j’aime beaucoup cette période de l’histoire de l’art – 19ème siècle et début du 20ème siècle). La section Art Nouveau m’a beaucoup plu également. Je conseille également le nouveau Musée Magritte sur la place Royale à Bruxelles.

    Bon dimanche.

  • Kate 3 janvier 2010 at 16 h 30 min

    Oh ce commentaire donne envie de faire un « petit saut » jusque là ! Merci d’avoir partagé ce coup de coeur…

  • Apolline Elter 3 janvier 2010 at 22 h 30 min

    et mets au programme de 2010 la visite du Musée Magritte. Votre commentaire sur l’exposition James Ensor me ravit (je ne crois pas devenir moi non plus grande fan de l’artiste mais l’exposition était tellement bien orchestrée que je n’ai pu que m’y intéresser!)
    A très bientôt!

    Apolline Elter

Comments are closed.