Chez les Royer – Patrice, Nathalie, Grégoire et Amélie – la vie est un long fleuve tranquille – enfin presque …- tracée sans équivoque dans le modus vivendi huppé de Bois-Joli. Le microcosme résidentiel des Yvelines est en effet pétri de tous les poncifs attachés au genre: un maire UMP, reconduit depuis 20 ans, une église dont le taux de fréquentation « est nettement supérieur à la moyenne nationale« , des brunchs bien catholiques, des œuvres de charité qui ne le sont pas moins, …. Un fleuve, en somme, où tout baigne.
Il arrive pourtant que le lit de ce dernier souffre quelques débordements: Nathalie vient « d’atteindre ce moment critique de la vie où le temps apporte son lot d’insatisfactions. » Patrice semble de plus en plus distant, Amélie observe le manège de ses parents affichant un mépris bien adolescent tandis que Grégoire, en stage aux USA, déclenche dans le cours de cette existence tranquille, un ras-de marée sans précédent…. L’annonce de son proche mariage aura soudain raison de l’équilibre précaire de sa famille.
Persuadée de la perversité de sa future belle-fille, Nathalie tentera de percer son secret, s’infiltrant, pour cette bonne cause, dans son réseau social. C’est alors quelle fragilise un équilibre mental qu’elle avait restauré à grands frais :
« Mais il suffit d’un grain de sable pour que les souvenirs remontent à la surface, flottant comme des corps morts. Le plus terrible est qu’en réapparaissant, ce passé peut générer plus de dommages collatéraux plus dramatiques encore que l’événement originel. »
Radioscopie sympathique d’un milieu très « convenu » et de ses dérives, le roman de Dominique Dyens, prend progressivement des allures de thriller, qui capture le lecteur aux rets d’une intrigue bien ficelée.
Apolline Elter
Intuitions, Dominique Dyens, roman, Ed. Héloïse d’Ormesson, mars 2011, 188 pp, 17 €
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