Une passion née le 12 août 1992, avec la naissance de M. – alias Tahfouna – la petite-fille de Gisèle Halimi : » Dès les premiers mois, entre Tahfouna et moi s’établit un lien affectif un peu particulier. Décuplé, pour moi, par mon attente et ma curiosité, et, pour elle, par un besoin peu commun d’amour et de présence. »
Mère de trois garçons, la célèbre avocate féministe découvre enfin le bonheur d’une lignée féminine.
Et la farouche opposante de la résignation de décrire cette passion fusionnelle, sévignéenne qui la lie à sa petite-fille. Une relation qu’elle analyse avec d’autant plus d’acuité et d’émotion qu’elle fut soudain interrompue, en 2002, par décision de l’Autorité parentale.
« J’avais avec ma petite fille des échanges d’adultes mais avec les mots de l’enfance. Notre extraordinaire proximité nous procurait une sorte d’osmose affective qui lui faisait accueillir mes récits dans le partage immédiat »
La souffrance que connaît alors la célèbre militante de la liberté féminine se voit privée d’issue combattive: s’opposer à l’Autorité parentale risquerait de nuire à la sérénité de ses petits-enfants. Elle entreprend dès lors de l’explorer en solitaire et la plume à la main, pour « reconstruire dans sa vérité l’enchaînement des faits.«
Des fins de semaine dans l’appartement parisien du couple aux vacances à Guenaïdel, le havre provençal acheté l’année de la naissance de Tahfouna, le récit revit une succession de moments joyeux et complices , apanage des grands-parents. Et pose la cruelle question du deuil de cette relation et du pouvoir arbitraire des parents.
Il fallait oser.
Apolline Elter
Histoire d’une passion, Gisèle Halimi, Plon, 198 pp, 18,5 €
En tant que grand-père et grand-mère ce livre a provoqué beaucoup d’émotions car
nous nous sommes retrouvés dans les lignes que vous consacrez à cette relation
idyliques que vous entretenez avec votre petite fille. En revanche, les non-dits
provoquent un malaise qui ne sera jamais dissipé. Ce livre a t-il eu un effet favorable
dans votre relation avec l’autorité parentale ou au contraire augmenté l’incom-
préhension. N’y a t-il pas un risque de sceller par l’écrit des différents
qui aurait pu trouver leur solution en famille.
Ni a -t-il pas aussi le risque que le lecteur pense que vous lui donnez un rôle
d’arbitre dans un règlement de compte?
Nous avons porté beaucoup d’attention à votre livre. Il porte au paroxysme
des moments que nous vivons au quotidien et pose des questions fondamentale
sur les relations familiales.
Merci, Madame Halimi, de nous avoir permis à travers votre livre de réfléchir en
famille. Nous vivons tous : Enfants, parents et grands-parents dans la même
maison. Chose rare et merveilleuse de nos jours.
Quel magnifique commentaire, Monique, je le ferai suivre: vous avez une façon très claire et positive de poser le problème. Un tout grand merci d’avoir pris le temps d’écrire ces lignes!
Bien cordialement,
Apolline E.