« Nous avons choisi le point de vue de la vie pour raconter celle de Gabriële Buffet »
Et c’est en effet un portrait particulièrement vivant de leur arrière-grand-mère, Gabriële Buffet (1881-1985) que tracent, à plumes chorales, parfaitement synchronisées, les soeurs Berest, Anne et Claire.
Jeune fille indépendante, musicienne avertie, Gabriële vit à Berlin, en ce XXe siècle débutant. Elle rencontre l’artiste- peintre d’origine cubaine Francis Picabia, au cours d’un déjeuner familial. Riche, fantasque, gâté, amateur de voitures, .. Francis Picabia (1879-1951) trouve en Gabriële, l’interlocutrice, la muse, la protectrice dont il ne pourra se passer, toute sa vie durant, même s’il multiplie les frasques et infidélités d’une union matrimoniale contractée en 1909.
A l’âge de 27 ans, Gabriële sacrifie sa carrière musicale – prometteuse – à celle de son mari.Ce sera au même âge que Vincente Picabia, leur fils cadet, mettra fin à séjours quelques décennies plus tard.. Il était le grand-père des narratrices.
Le couple est insolite, aussi indépendant qu’interdépendant. Son histoire nous mène de Paris à New York, en passant par la Suisse, au coeur des liens tissés avec Marcel Duchamp, Guillaume Apollinaire, Tristan Tzara et les mouvances avant-gardistes de la première moitié du XXe siècle.. Un curieux marché, conclu avec Germaine Everling, maîtresse de Francis Picabia, porte, un temps, le ménage à trois personnes..
La séparation qui advient peu après (en 1919) n’entamera jamais les liens d’un duo décidément singulier.De son côté, Gabriële « retournera à New York où elle vivra enfin une relation amoureuse exclusive avec Marcel Duchamp »
Un récit de vie – plus que centenaire – captivant
Apolline Elter
Gabriële, Anne et Claire Berest, récit, Ed. Stock, août 2017, 450 pp
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