Frère d’âme

 »  Ah! Mademba Diop, mon plus que frère , a mis trop de temps à mourir. »

Nous sommes au coeur de la Grande Guerre,  » des plaies béantes de la terre qu’on appelle les tranchées (…) » 

Parce qu’il n’a pas eu, le courage d’abréger les souffrances de son « frère d’âme »,  éventré,  mortellement blessé lors d’une attaque contre l’armée allemande,  le tirailleur sénagalais Alfa Ndiaye, sombre dans la folie.

 » Je n’ai pas été humain avec Mademba, mon plus que frère, mon ami d’enfance. J’ai laissé le devoir dicter mon choix. » 

Il va se racheter une sorte de conduite en tuant lui aussi touts azimuts les ennemis de la France,  sa patrie reconnaissante.. et leur trancher les mains qu’il ramène ..dans les tranchées.. en guise de trophée.

 » Mes camarades, mes amis de guerre, ont commencé à me craindre dès la quatrième main. »

Envoyé à l’arrière du front pour soigner la démence sanguinaire qui s’est emparée de lui,  le tirailleur poursuit son psycho-récit, longue, envoûtante  et poétique mélopée, dénonciation effroyable d’une folie qui dépasse la sienne: la boucherie de la Grande Guerre

Apolline Elter

Frère d’âme, David Diop, roman, Ed Seuil, août 2018, 176 pp

Prix Goncourt des Lycéens 2018: le roman a reçu ce 15 novembre la merveilleuse consécration du Prix Goncourt des Lycéens. Soyez-en, David Diop, dûment félicité 

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