Il peut être bon de réactiver une chronique parue.
En effet, Jacquelline Duchêne vient de recevoir le Grand Prix littéraire de Provence, dimanche 27 septembre, à Ventabren, pour la publication de son ouvrage consacré à François de Grignan.
Je vous en recommande, décidément, vivement la lecture.
Jacqueline Duchêne, nous offre, par le biais du portrait de François Adhémar de Monteil, comte de Grignan un éclairage passionnant sur le trio que formaient la Marquise de Sévigné, sa fille, Françoise-Marguerite, future comtesse de Grignan et le comte lui-même.
Surnommé le « Matou », par deux fois veuf, François de Grignan épouse, en troisièmes noces, « la plus jolie fille de France », Françoise de Sévigné, laquelle a refusé prudemment les avances du Roi Louis XIV et rencontre, partant, quelque difficulté à trouver un beau parti.
Embourbé dans une série de dettes et de charges, le comte réalise un mariage d’argent, lequel, heureusement n’est pas dénué de sentiment et de fierté envers sa nouvelle épouse. Cette dernière se reconnaît de la « disposition » envers lui…
De son côté, la Marquise est ravie que sa fille échappe à un mariage d’amour : « Son gendre ne lui fera jamais ombrage dans le coeur de Françoise, elle en est sûre » (p 14)
Nommé Lieutenant général de Provence, François de Grignan doit se résoudre à partir seul: Françoise est enceinte et sa marquise de Maman a décidé de la garder à ses côtés. Elle accouche de Marie-Blanche qu’elle confiera à la garde de la Marquise, trois mois plus tard,le 4 février 1671, tandis qu’elle rejoint enfin son époux en Provence et découvre, au sommet d’un piton rocheux, le château de Grignan.
Le couple Grignan aura six enfants, à la grande ire de la Marquise, inquiète pour la santé de sa chère fille. Louis-Provence, affublé d’un double prénom qui fait honneur tant au Roi qu’à la charge de son père et Pauline, future marquise de Simiane, seront les plus connus d’entre eux.
Ecartelée entre l’interventionnisme de sa mère et sa réelle inclinaison pour son époux- preuve d’amour suprême que l' »héroïque signature » du 23 mai 1675, par laquelle elle délie son époux de toutes dettes sur sa dot et se porte caution des siennes – Françoise partagera sa vie entre Grignan et Paris. Elle s’occupera loyalement, de ses deux belles-filles, orphelines du premier mariage.
Un train de vie excessif, lié aux besoins de la charge et au maintien du rang, des dettes et soutiens familiaux requis auront peu à peu raison de l’immense fortune des Grignan. Leur fille Pauline, devenue seule héritière, devra vendre l’intégralité des biens pour couvrir les dettes de la succession.
» Pauvre vieux Grignan, toute sa vie la proie des débiteurs, des prêteurs, étranglé par les arrérages, les contrats, voué à payer – avec un argent qu’il n’a point et qu’il doit emprunter – les créances de son père, de ses frères,de ses filles, de son fils, les siennes propres! Courageux vieux Grignan qui a su pourtant, au nom de son roi bien-aimé, gouverner au mieux pendant quarante-cinq ans la Provence, et en gérer les impôts plus habilement que ses ressources personnelles. » p 166
Apolline Elter
François de Grignan, Jacqueline Duchêne, Editions Jeanne Laffitte, octobre 2008, 176 pp, 22 €
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