Fragrancia

Le titre ne laisse aucun doute: c’est de parfum ou plutôt de fragrances qu’il va être question.

Et d’une utilisation bien précise, particulière, avant-gardiste de nos récepteurs olfactifs.

«Hélias n’aurait plus qu’à saisir son destin pour réaliser son rêve : devenir olfate.»

Centré sur la personnalité très émotive du jeune Hélias Révol et sa sensibilité incroyable aux odeurs – il y a du Parfum de Süskind dans l’air.. – ce « thriller olfactif » va intégrer la très mystérieuse société Fragrancia, spécialisée dans le traitement de troubles psychiques par l’administration de « séances d’olfaction mémorielle ».

Il s’agit, en d’autres termes de restituer des atmosphères odorantes vécues – madeleines proustiennes olfactives – pour traiter les patients au départ des émotions suscitées de la sorte.

Baptisés « olfates », les praticiens provoquent des transes efficaces au moyen d’un psychotrope nommé SMV, dont l’existence secrète est farouchement gardée par la société.

Crée par l’énigmatique Cornelia sous le couvert d’une société d’aromathérapie, l’entreprise cartonne et aide même la police dans la résolution d’enquêtes. C’est ainsi que Nora, cadre supérieure de Fragancia, est appelée à confondre Simon, un influenceur soupçonné d’avoir violé la jeune Audrey.

Menant avec brio et inventivité les descriptions techniques, enchaînements drôles et rocambolesques des situations, Paul Richardot propage les effluves d’un monde fascinant – celui de l’odorat – doté de pouvoirs extraordinaires et de possibilités inouïes.

Une « révol-ation »

Apolline Elter

Fragrancia, Paul Richardot, roman, Ed. JC Lattès, janvier 2024, 342 pp

Billet de faveur

AE : Vous nous ouvrez, Paul Richardot, à un monde que vous connaissez très bien puisque vous êtes diplômé de l’Ecole supérieure du Parfum ( Paris) et que vous avez ressuscité, il y a quelques années, avec deux amis, la Parfumerie Savonnerie Violet, sous le nom de Violet.Parfums. Pouvez-vous nous toucher un mot sur ce parcours ?

Paul Richardot :Je dis souvent que je suis arrivé par hasard dans l’industrie du parfum et que j’y suis resté par amour. Les odeurs avaient beau me fasciner, je ne pensais pas pour autant pouvoir en faire mon métier. Ce n’est que lorsque j’ai découvert, au détour d’un salon de l’étudiant, l’École Supérieure du Parfum en 2012 que cette carrière est devenue envisageable.
Cinq ans plus tard, et un master en chimie appliquée aux parfums en poche, j’ai repris, avec Victorien Sirot et Anthony Toulemonde, la maison VIOLET, une parfumerie française fondée en 1827.
Durant toute ma scolarité, c’est le vocabulaire olfactif qui m’a le plus fasciné. C’est donc tout naturellement que, au sein de la maison VIOLET, je me suis focalisé sur la rédaction des histoires autour des parfums.
Aujourd’hui, cela fait sept ans que j’évolue au sein du monde de la cosmétique, et cela me plaît toujours autant. Je suis heureux d’avoir pu raconter une fiction qui s’inspire autant de l’industrie des parfums.

AE : le roman met en valeur les extraordinaires pourvoir de l’odeur pour paraphraser le titre de l’ouvrage d’Annick Le Guérer et de fait, l’odorat est un sens que l’on redécouvre à vitesse accélérée et qui va permettre des progrès inouïs, entre autres, en médecine, dans la détection de certaines maladies. Les techniques thérapeutiques que pratiquent les « olfates » de Fragrancia relèvent-elles de la réalité ou du roman d’anticipation ?

Paul Richardot :Je vais donner une réponse à la fois convenue et sans grand engagement, mais un peu des deux. La réalité est partout dans ce roman. La technologie que je présente, hormis la SVM, bien entendu, existe. J’ai juste poussé les curseurs au maximum. Par exemple, l’Headspace, qui permet de capter une odeur, est une méthode employée depuis des années par les maisons de composition. Je l’ai seulement rendue portative et donc plus maniable. Il en est de même des techniques thérapeutiques décrites. Les séances d’olfaction en vue de faire travailler la mémoire existent. Et comme vous l’écrivez très bien, c’est un domaine en pleine expansion. Nous ne sommes, à l’heure actuelle, qu’aux balbutiements de cette pratique. Encore une fois, j’ai pris un peu d’avance sur la réalité, mais les bases sont là. De plus en plus de scientifiques s’intéressent au sens de l’odorat et, chaque jour apporte son lot de découvertes. Dans quelques mois, mon histoire sera peut-être obsolète. Qui sait ?

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