« Je m’appelle Dominique Biron et j’ai décidé de mourir dans trois jours. C’est le temps qu’il a fallu au Christ pour revenir d’entre les morts, ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. »
Le ton est d’emblée donné pour ce court roman, décapant monologue d’une octogénaire… pas vraiment conformiste.
Atteinte d’un Alzheimer bien débutant car il ne porte pas atteinte à sa verve, Dominique décide d’en finir elle-même avec la vie, en d’autres termes, de se suicider.
Pas question de dépendre de sa fille et encore moins de Gaëtan, son gendre stupide; en revanche, il lui est très dur de quitter Victoire, sa petite-fille chérie.
Et notre « Tatie Danielle » – ce doit être son modèle- de passer en revue le fil, le film d’une vie faite de nombreuses frustrations, de deuils aussi : la perte de sa fille, chérie, Dorothée, celle de son mari, inopinément décédé de l’ingestion d’une frite coincée dans sa trachée.
« Entre votre père et moi, c’était aussi rasoir qu’un spectacle d’école quand vos enfants ne sont pas dedans. »
Ancré dans cette Belgique qui est sa patrie, le roman de notre compatriote résonne comme une…flamboyante ode à la liberté, celle de choisir sa mort, la mise-en-scène des obsèques, à défaut d’avoir pu vraiment choisir le cours de sa vie.
Apolline Elter
Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste, Emmanuelle Pirotte, roman, Ed. Cherche Midi, 160 pp