Fitzgerald, Le désenchanté

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« Saltimbanque de la littérature, il fait le grand écart, passant du raffinement à la plume vivrière, souriant d’ironie. Ecrivain rare au style de velours et de moire. Couché aux petites heures, il regarde la lune qui auréole ses fééries dans les jardins, la pluie fine qui baigne ses amants impossibles. Ses titres de noblesse, d’emblée, il les inscrit au frontispice de ses romans. Ainsi, heureux et un temps damné, demeurera-t-il à jamais Fitzgerald le Magnifique, le Tendre, le Dernier. »

Indissociablement lié au mythe de son célèbre héros, Gatsby le Magnifique, Francis Scott Fitzgerald l’est aussi à une série de clichés qui ne voient en lui qu’un dandy, écrivain brillant,  chef de file de la Génération perdue, éclatée dans les fastes et mondanités des Années folles, de 1919 au krash boursier de 1929, correspondant éperdu de la belle Zelda, son épouse, elle-même, victime cyclothimique de crises dépressives,…alcoolique et bientôt ruiné…

Certes. 

Vous en conviendrez, c’est un peu court… on pourrait dire bien d’autres choses en somme

La biographie que lui consacre Liliane Kerjan, universitaire américaine, actuelle présidente de l’Institut franco-américain de Rennes, offre une approche approfondie, alerte et intéressante du milieu de naissance de l’écrivain et de ce rapport complexe qu’il entretiendra, sa vie durant,  avec  l’argent. Elle nous invite au sein du couple Scott – Zelda, dédouanant largement le procès qui est fait à l’écrivain d’avoir écrasé (inconsciemment) son épouse.  Le fil chronologique nous mène, enfin, au coeur du processus de création, situant le contexte d’écriture de ses romans, l'(auto)- appréciation de son auteur et de son entourage.

La postérité célèbre l’écrivain, mort dans un relatif dénuement, qui vendra en un demi-siècle quelque 12 millions de ses ouvrages.

Un essai riche et intéressant.

Fitzgerald. Le désenchanté, Lilian Kerjan, biographie, Ed. Albin Michel, mai 2013, 320 pp, 20,9 €