Animateur-vedette, avec André Rémy, de Feu vert, l’émission-culte des têtes blondes (années ’70), Jacques Careuil nous revient, de sa voix juvénile à l’accent bien trempé, par le biais d’une autobiographie rédigée avec Claude Rappé.
Un récit attachant autant qu’intéressant.
« Je n’ai pas eu le père dont on peut rêver, mais il n’a pas eu non plus le fils qu’il espérait«
De de sa prime enfance, marquée par le départ de son père, Henri Neulinger et les années de guerre, le jeune et solitaire Guido – futur Jacques Careuil – retiendra surtout la solide affection qui le lie à sa mère.
Années de scène, genèse de l’émission Feu vert, Liaison de trois ans avec le comédien Serge Michel et début de l’amitié vitale qui le lie à Jacqueline Bir, …sont l’objet de la deuxième étape de sa biographie.
L’animateur nous livre alors sans tabou, ni quelconque nostalgie, la vérité d’une homosexualité assumée et de diverses relations plus ou moins heureuses, mais aussi les coulisses de la grande RTB (F), les cabales menées et obstacles de carrière que son étiquette de gentil animateur lui valurent et qui le décidèrent à quitter délibérément la télévision publique belge.
Le « petit Careuil » était catalogué. On ne me prenait pas au sérieux. Lorsque je négociais une nouvelle saison, souvent, je n’obtenais pas une augmentation de cachets.
C’est une leçon pour beaucoup d’artistes médiatisés: quand vous tenez un succès, gardez-le! Il vous apparaîtra un jour que vous n’êtes pas assez payés, que vous êtes exploités, que votre nom vaut de l’argent, que vous aimeriez faire autre chose de plus valorisant.. Mais le jour où vous claquerez la porte, ou même si vous partez sans faire de bruit, personne, personne non, ne vous tiendra la main et on ne fera plus jamais aucun bruit autour de vous. (…) Nous ne sommes rien dans la grande machine des médias (…) nous sommes jetables comme des mouchoirs en papier. Après, longtemps après, il vous restera des souvenirs à consigner dans un livre. J’insiste: il n’y a aucune aigreur dans ce que je viens de dire. »
De cette Thaïlande où il réside aujourd’hui – Jacques Careuil partage sa vie entre Pattaya et Ibiza (Espagne) – ce « solitaire bien entouré » entend faire le point sur les idées reçues en matlère de prostitution thaïe.
Une façon de rendre hommage à la vie, à un « destin qui [lui] a régulièrement tendu la main » à un pays qui l’a accueilli, avec ce ton de simplicité et d’amène sincérité qui est la grande qualité de cet ouvrage.
Apolline Elter
Feu vert à Jacques Careuil. Rencontre avec Claude Rappé, biographie, éd. Jourdan, mai 2012, 234 pp, 15,9 €
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