« Bien des années ont passé et je ne sais pas ce qu’Anton est devenu. Mais c’est bien la dernière personne pour laquelle il y a à s’inquiéter: Dieu ne l’abandonnera pas et, chose plus rare, les hommes non plus. »
Anton, c’est « Un homme qu’on oublie pas », brève relation que l’écrivain viennois présente comme une « histoire vécue », rencontre d’avec un homme pétri de bonté désintéressée.
Etait-ce lui? seconde nouvelle de ce Folio 2 €, profile un drame effroyable, de ceux dont Stefan Zweig a le secret, dont il fait monter la tension narrative, infaillible, implacable, saisissant le lecteur d’une oppression croissante et dérangeante.
Nanti de nouveaux voisins, le couple de la narratrice – d’aimables retraités – observe avec sidération la personnalité plutôt envahissante de Limpley.
« Jamais, avant de connaître Limpley, jamais nous autres vieilles gens n’avions imaginé que des qualités aussi positives que la générosité, la gentillesse, la franchise et la chaleur des sentiments puissent vous pousser au désespoir par leur démesure intempestive.«
C’est dire..
On croit lire Les Catilinaires (Amélie Nothomb, roman, Ed. Albin Michel, 1995)
Sidéré à son tour, le lecteur sent poindre le drame – il ne va pas tarder à se manifester, conséquence de la double irruption dans le jeune couple d’un chien, Ponto et d’un bébé..
Betsy,la narratrice, prend le lecteur à témoin de son soupçon: « Personnellement, je suis quasiment certaine que c’est lui l’assassin, mais il me manque la preuve ultime, la preuve inébranlable.«
Etait-ce lui ? précédé d’Un homme qu’on n’oublie pas, Stefan Zweig, nouvelles traduites de l’allemand (Autriche) par Laure Bernardi et Isabelle Kalinowski, extraites de Roman, nouvelles et récits, tome II, Ed. de la Pléiade, Folio 2 €, n° 6184, juillet 2016, 96 pp
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