« Cette histoire serait banale si l’homme qui remplaçait Marco dans son cœur n’était pas son père. »
Christine Orban est une romancière chère à notre site.
Son sens imparable de la formule, concise, parfois incisive, aride, toujours efficace est, par effet-levier, un puissant déclencheur d’émotion.
Mais encore :
« Simon et Tina avaient un secret, une chose qui les liait et qui devait être cachée aux autres »
Lorsque Viola, son ancienne gouvernante, apporte à Tina un panier de lettres vieilles d’un quart de siècle, elle fait rejaillir à la conscience, au coeur de celle-ci, l’histoire d’un amour enfoui. Celui qui l’a liée à Simon, presque sexagénaire , veuf et père de Marco, son copain de l’époque. La jeune fille avait alors dix-neuf ans
Un amour secret
« Un amour déplacé »
» Je suis un lot de kermesse, une poupée de chiffon pour fête paroissiale, le plus fort l’emportera.
Analysant avec minutie et un sens dramatique confirmé les différents points de vue, tenants et conséquences de cette Education sentimentale revisitée, drame cornélien contemporain, la romancière nous saisit d’empathie, et partant, de sympathie.
D’autant que la vocation épistolaire de ce site ne peut que souscrire d’ardeur au turbo narratif que constitue la découverte d’un panier à lettres …
Apolline Elter
Est-ce que tu danses la nuit, Christine Orban, Ed. Albin Michel, mars 2020, 288 pp
Billet de faveur
AE : Le titre porte en lui la question fondamentale du récit, le symbole du clivage (d’âge) entre Tina et Simon. Pourquoi avoir omis son point d’interrogation ?
Christine Orban :Les points de suspension font rêver, je n’ai pas voulu céder à la brutalité de l’interrogation.
AE : Vous dédicacez le roman à « une jeune femme inconnue qui sans le savoir me donna l’idée d’écrire ce livre ». Se reconnaîtra-t-elle dans le récit ?
Christine Orban : Je ne sais rien d’elle à part qu’elle a aimé le père de son petit ami.
Le reste appartient à mon imagination, à mes souvenirs ravivés par cette inconnue. À mes observations aussi : certaines jeunes filles plus matures que les garçons de leur âge préfèrent les hommes plus âgés.
AE : Une partie de ce texte à haute facture dramatique a été jouée en janvier, lors du Festival Paris des femmes (compte rendu sur ce site ) Vous assistiez à la représentation. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
Christine Orban : J’ai admiré le talent, la sensibilité du metteur en scène, Géraldine Martineau, l’interprétation de India Hair dans le rôle de la jeune fille, et j’ai espéré avoir un jour la chance d’adapter mon roman en entier. De développer le rôle du séduisant père, du fils, de la jeune file. Je veux qu’on les comprenne. Il s’agit d’amour, malgré la complexité de la situation. D’irrésistible attraction.