J’aurais voulu vous en parler avant – l’actualité littéraire ne m’en a guère laissé le loisir. Qu’à cela ne tienne, l’ouvrage est de garde – comme le bon vin- et sa plage de couverture confère au portrait de la « reine rouge » un délicieux look Mary Poppins…qui en fera une lecture de vacances appréciée.
Née Wittelsbach, au sein de l’aristocratie bavaroise, la future Elisabeth de Belgique (1876-1975) est nièce, homonyme et même filleule de la célèbre impératrice Sissi, avec qui elle entreprend un voyage en Méditerranée.
De son mariage d’amour avec le Prince Albert de Belgique, le 2 octobre 1900, naissent trois enfants, Léopold, Charles et Marie-José, ainsi qu’un total dévouement à sa patrie d’adoption. A ce titre, la guerre de 14 est l’épreuve du feu pour cette reine, allemande de naissance… Rapidement, elle fait comprendre aux Belges qu’elle est des leurs et encourage le docteur Antoine Depage à construire l’Hôpital de l’Océan, à front proche du champ de bataille.
Si elle n’a pas une fibre maternelle sur-développée , la souveraine l’a pacifiste, intellectuelle et artistique. Elle aime la nature, les oiseaux , les voyages à travers le monde. Egyptomane, elle visite la tombe de Toutankhamon, le lendemain de son ouverture. Elle ouvre grand ses portes à Maeterlinck, Emile Verhaeren, Frans Courtens, Victor Rousseau et plus tard, celles du Stuyvenbeg, à André Maurois, Paul Claude, Georges Duhamel et même au clown « Popov ». Une vraie complicité la lie à l’écrivain Colette. Elle aime passionnément les discussions philosophiques – à vocation bouddhiste – entreprises avec l’exploratrice, Alexandra David-Néél
« Décidément, il y a du Tintin dans ce personnage qui sillonne le monde pour voir de ses propres yeux ce que d’autres voudraient lui caricaturer »
La simple perspective d’un concours musical – dédié à Chopin, en l’occurrence, – suffit à lui faire braver les diktats de la Guerre froide en 1955. Une façon aussi de rendre son engagement, naguère pacifiste, un peu plus musclé. Son estime pour les Juifs – elle en a aidé un bon nombre durant la Guerre – l’emmène en Terre Sainte, en 1959. Elle y reçoit un accueil ardent.
De ce portrait se dégage l’image d’une reine libre dans son esprit, si ce n’est sa fonction. Elle n’aura de cesse de donner un sens vrai, altruiste et efficace à celle-ci, un sens noble, dans son acception première. Au prix de quelques impairs notoires, cela ne la rend que plus vivante.
» La reine de trois rois a réussi là où Sissi avait échoué: remplir son devoir en n’abdiquant jamais de son libre arbitre. C’est là sa plus grande victoire. »
Elisabeth de Belgique. Une reine entre guerre et paix, Patrick Weber, biographie, Ed. Payot, janvier 2014, 206 pp
La citation de la fin de l’article est très juste. Pour moi, Elisabeth est, jusqu’à présent, la plus grande reine de l’histoire de Belgique (laissons encore quelques années à Mathilde pour pouvoir en juger à son sujet).
P.S. Mon compte-rendu du livre sur Colette Nys-Mazure est en ligne sur mon blog des écrivains belges.
Merci pour ce précieux commentaire. Je file faire un saut sur votre blog et suis curieuse de découvrir le compte rendu!
Bien cordialement, Apolline