Donald Trump- Retour vers le futur

Tandis que le monde assiste, sidéré, aux manifestations plus qu’alarmantes du nouveau locataire de la Maison Blanche, il est bon de se pencher sur la grille d’interprétation du phénomène que nous propose Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques et enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), entre autres mandats.

Une grille qui offre un prisme nouveau, passionnant et surtout affolant, pour les Européens, à la façon d’appréhender l »OPNI » , entendez Objet politique non identifié.

« Pourquoi, au fond, Trump est-il de manière flagrante à l’image de cette Amérique qui a peur du déclin, peur des autres, et qui cherche à se réaffirmer dans sa singularité et à se défendre face aux puissances qui essaient de lui disputer son leadership. »

Analysant avec force détails le profil de l’électorat du (presque) octogénaire, l’essayiste démontre que sa base électorale s’est fortement accrue parmi la classe moyenne, celle de  » monsieur et madame Tout-le-Monde », base séduite par la promesse « MAGA » (Make America Great Again), celle d’un repli sur soi censé pallier les désarrois économiques internes.

« Son idéologie maximaliste et impériale a infusé l’esprit de millions d’Américains. »

Et Sébastien Boussois d’analyser avec une même rigueur les raisons de l’échec de Kamala Harris – battue de quelque trois millions de voix seulement – face à l’image messianique revendiquée par son rival, rescapé de la tentative d’assassinat perpétrée sur lui le 13 juillet dernier.

« La messe est dite. Il faut sortir du déni très européen de son retour et essayer de se plonger dans ce que seront les quatre prochaines années pour l’Amérique et pour le monde. »

Un monde de plus en plus pénétré par « la galaxie des populistes« , laquelle entend engranger des relations favorables avec un leader qui évoque par bien des aspects le spectre de Silvio Berlusconi.

L’ancien animateur de l’émission de télé-réalité  «  The Apprentice » n’a nul besoin parler vrai  pour convaincre: il lui suffit d’incarner l’image d’un « pater rassurant » et de se plaire à « inquiéter la terre entière » . 

L’Europe va souffrir durant le mandat présidentiel, qui a largement sous-estimé sa capacité d’influence, de malfaisance et son retrait de la scène politique. L’homme était là qui occupait encore et toujours la scène médiatique, peu importe que ce soit en mal.

« C’est un véritable leader charismatique dont on a sous-estimé largement depuis près de dix ans la capacité d’influence. C’est aussi pour cela que l’on a refusé de croire en son retour possible à la Maison-Blanche »

Et ce  Dieu le Père autoproclamé  d’invoquer « la foi et la religion pour masquer l’irrationnalité de ses propos » Et nombre fidèles de le croire, soutenus par des courants religieux « fanatisés » dont l’Amérique a le secret.

« Avoir sous-estimé par ignorance la force de ces courants spirituels fut l’une de nos plus grandes erreurs en Europe »

Résonnant comme une mise en garde, assortie d’une invitation à l’Europe à réagir, unir ses forces contre les menaces graves, périls et souffrances à venir, l’essai nous oblige à une révision de notre approche des Etats-Unis d’Amérique, une réflexion inconfortable, nourrie d’un deuil de relations correctes sinon fraternelles envers le pays de l’Oncle Bill  mais essentielle à notre survie.

A un véritable examen de conscience du monde dans lequel nous vivons.

Et de lucidité par rapport aux attentes de la plupart des bases électorales.

Je vous en conseille instamment la lecture

Apolline Elter

Donald Trump. Retour vers le futur, Sébastien Boussois, essai, Mareuil éditions, janvier 2025, 166 pp

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