» Je crois que tu es née dans cette ville, le jour de ma naissance. »
Lina a dix-sept ans lorsqu’elle accouche, fin août 1960, à Nice et à l’écart des siens, de son fils Eric,
Le père biologique d’Eric est Moshé- as Maurice Maman – Fassi juif, futur gynécologue – dont la famille Labrie refusera l’alliance pour divergence de convictions religieuses
Quelques années plus tard Lina épouse un kiné d’origine tunisienne, Michel Signorelli, qui adopte Eric, lui donne son nom;.
La famille s’agrandit de deux fils, François et Jean.
A la mort de son père biologique, au suicide de son père adoptif, le narrateur de ce récit à forte composante autobiographique, doit ajouter le choc d’une révélation survenue en décembre 2016: l’abandon forcé, par Lina, d’une autre enfant, une fille, le 10 janvier 1963. Le fait est d’une violence inouïe, évoque le spectre du récit Philomena ( Martin Sixsmith, 2009) , dévoile comme une jeune fille de 20 ans est contrainte de signer une promesse d’abandon, sous la conjuration active de sa famille et d’une communauté religieuse. La fillette devient et demeure fantôme au sein de la famille.
Le choc déclenche dans le chef du narrateur – Eric Fottorino – l’urgence de se rendre à Nice, de découvrir le lieu de sa naissance, de « rencontrer » la jeune fille que fut sa mère , à laquelle, par une infirmité d’expression, il n’arrive pas à révéler son attachement.
C’est là que le roman, la poésie des mots, de sentences belles, éloquentes, raffinées, … va aider l’écrivain dans cette quête identitaire, vitale, qu’il poursuit à travers tous ses écrits.
Telle une longue lettre adressée à Lina, le récit tâtonne et se cherche.
Le fils parle à sa mère
Le rendu en est sublime
Invité de l’émission, chère à notre site, La Grande Librairie, mercredi 26 septembre, Eric Fottorino affirme l’importance vitale que revêt l’écriture dans son chef: » Je comprends ma vie quand j’écris mes romans »
Romans qui rendent sa « vie respirable », qui permettent de « décongeler » ses sentiments.
Une lecture hautement recommandée, vous l’aurez saisi.
Apolline Elter
Dix-sept ans, Eric Fottorino, roman, Ed. Gallimard, août 2018, 264 pp
A noter : Rencontre avec Eric Fottorino, samedi 20 octobre à 18h30 , à la Librairie Colophon à Grignan ( 3 place Saint-Louis)
Renseignements : +33 (0)4 75 46 57 16