« Impossible de ne pas s’en apercevoir, Jacqueline de Ribes cumule les privilèges. Nom, beauté, rang, fortune, sans compter son carnet d’adresses qui vaut son pesant d’or. »
Née – très bien née – Bonnin de la Bonninière de Beaumont – le 14 juillet 1929, Jacqueline de Ribes porte ses 91 ans avec une élégance sans précédent. Cette dernière constitue son » ADN » nous révèle Dominique Bona, sa biographe.
Invitée dans les salons de La Bienfaisance, l’hôtel des Ribes situé en la rue éponyme ( VIIIe arrondissement de Paris) à l’occasion de sa fraîche élection à l’Académie française, Dominique Bona est saisie de fascination devant cette femme hors du commun. Si sa vie rivalise, par bien des points avec celle de la comtesse Greffulhe (voir la biographie que lui consacre Laure Hillerin La comtesse Greffulhe, L’ombre des Guermantes, Ed. Flammarion, oct. 2014,- billet de faveur sur ce site- ) l’union conjugale de Jacqueline de Beaumont, en 1948, avec le vicomte – futur comte – Edouard de Ribes est beaucoup plus heureuse. Son intégration dans sa belle-famille, royaliste, stricte et disciplinée se fait sans grands heurts.
Belle, mince, irrésistible, skieuse accomplie, la jeune (vi-)comtesse est de tous les bals, de toutes les mondanités. Elle crée tôt ses propres toilettes et bientôt sa maison de haute couture qui dispense ses enseignes à Paris, New York et Tokyo; avec le bienveillant soutien d’Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé. En 1999; Jean-Paul Gaultier baptise sa collection printemps -été du nom de « Divine Jacqueline » en son honneur. Le MET (Metropolitan Museum of Art ) de New York lui consacre une exposition, de son vivant, de novembre 2015 à février 2016. C’est dire son aura
Mais c’est encore bien plus que cela.
Car en elle sévit également une artiste – qui met en scène sa propre vie, son envoûtante dramaturgie – une maîtresse de maison exemplaire, productrice de spectacles, protectrice des arts, à ses heures….
Jacqueline de Ribes appartient à tous ces mondes que des frontières séparaient autrefois et qui se mêlent désormais dans un bouillonnant melting-pot. Elle pourrait être le symbole d’une alchimie toujours controversée entre l’Ancien et le Nouveau Monde, entre l’aristocratie européenne et la jet- set internationale, la tradition et la modernité. Sa personnalité à facettes, plus complexe qu’il n’y paraît, est un reflet de l’air du temps, mais aussi un défi permanent pour venir à bout des amalgames et faire œuvre originale.
Une lecture captivante
Tout simplement
Apolline Elter
Divine Jacqueline, Dominique Bona, biographie, Ed. Gallimard, mars 2021, 526 pp