Longtemps, Olivier Bourdeaut s’est levé de bonne heure…
« Je me levais à quatre heures du matin, je faisais couler un café, je m’installais devant mon ordinateur, j’allumais ma musique et ma première cigarette »
Et le romancier de génie – mais oui, on l’aime – de penser que l’inspiration lui était acquise pour la vie, après le grand succès de librairie que fut « En attendant Bojanglès » (Ed. Finitude, 2016), frappé, percuté de nombreux prix, suivi de la publication de trois autres romans.
Las, voici que sa source se tarit.
Alors il décide de se faire violence et de se réfugier dans l’ermitage solitaire d’une cabane austère. Sur une île paradisiaque, tout de même. J’ai nommé Ibiza. Peu fréquentée en janvier, il est vrai
Tant qu’à faire – violence – Olivier Bourdeaut entame un sevrage tabagique.
Il ne se fait aucun cadeau.
Il nous en fait un grand : le récit , sans concessions, de son anti-développement personnel
Les quatre premières décennies de sa vie (enfin trois et demi) déploient en effet une effroyable succession d’échecs – oserions-nous le terme « bourdes »? – de blâmes, d’humiliations, au total désespoir de ses parents,
» [G]aucher, dyslexique et légèrement sourd. », l’enfant suit une scolarité déplorable, malgré une réelle bonne volonté, sous-tendue de paresse et de grande incompréhension des siens.
Il trébuche dans l’âge adulte, accumulant les petits boulots sans lendemain ni rentrées suffisantes, se paupérise, marginalise, rattrapé de mains tendues fraternelles et amicales
Prenant à témoin espiègle les mantras chers aux adeptes du développement personnel, l’écrivain se livre à un récit introspectif chirurgical, drôle, féroce d’autodérision . On croit entendre la géniale héroïne de Stupeur et tremblements ( Améle Nothomb, cela s’entend – Ed. Albin Michel 1999)
Une lecture jubilatoire
Subtilement porteuse d’espoir
Apolline Elter
Développement personnel, Olivier Bourdeaut, récit, Ed. Finitude, mars 2024, 176 pp