De bruit et de fureur

« Les faits que vous lirez ici sont réels. Leur mise en mouvement révélera sans doute autant l’auteur que le sujet, puisqu’on ne parle jamais que de soi. »

 De_bruit_et_de_fureur.jpg Thierry Le Luron mourait voici trente ans,  le 13 novembre 1986.

On l’avait dit atteint d’un cancer des voies pulmonaires; il décède du SIDA, ce « cancer gay » longtemps considéré comme honteux.

Nièce d’Hervé Hubert, manager et intime du célèbre humoriste, Virginie de Clausade nous fait vivre ses dix derniers mois , depuis révélation de la maladie. Elle engage, pour ce faire, un dialogue poignant entre le SIDA, personnifié en séquences italiques et le combat du courageux trentenaire.

Révélé par la scène dès l’âge de 17 ans, Thierry le Luron s’éteint  à 34 ans, au terme de 17 ans de carrière

Bosseur invétéré, il saisit la vie comme une fête perpétuelle et , innombrables,  les amants d’un soir défilent en son lit; mais il est discret sur sa vie privée et tait son homosexualité, à une époque où le sujet est encore grandement tabou.

Il vit, dans la terreur et grande solitude,  le diagnostic qui se présente à lui, ce mercredi 8 janvier 1986.

C’en est fini du déni. Il lui faut affronter la maladie,  les espoirs qui s’offrent à lui: avec l’aide amicale et généreuse de Line Renaud, Thierry Le Luron participe à un programme-pilote, aux USA, de mise en veilleuse du mal. Mais le rythme effréné de son retour sur scène aura tôt fait de raviver l’ennemi assoupi.

Symptomatique de la perception malveillante du SIDA qui sévit à l’époque,  de la culpabilité induite sur les porteurs du virus, le récit de Virginie de Clausade est empreint de  sobriété, de respect et d’une attraction posthume envers l’imitateur.

Je vous en conseille la lecture

Apolline Elter

De bruit et de fureur, Virginie de Clausade, hommage, Ed Plon, octobre 2016, 270 pp