Les vacances ont ceci de bon qu’elles vous permettent de rectifier quelque tir, quelque retard de lecture, tel cet angle d’approche majeur d’une écrivain chère à notre blog.
Quand on découvre la biographie que l’Académicienne Dominique Bona consacre à la célèbre romancière et ses amitiés féminines – et plus quand affinités – on se dit qu’on est loin d’en avoir tout dit sur Colette, d’en avoir tout su.
Colette gourmande, Colette éternelle amoureuse, Colette est aussi une amie au coeur pétri de générosité.
L’ angle d’approche est – à mon sens – inédit, qui saisit Gabrielle Sidonie … Colette au début de la Grande Guerre – elle a 41 ans – au coeur du vieux chalet en bois, sis au numéro 57 de la rue Cortambert (Paris – XVIe) qu’elle partage avec trois beautés brunes, Annie de Pène, journaliste, écrivain, son « alter égale », son annie d’enfance, Musidora, as » petit Musi », une artiste polymorphe, future vamp incontestée du cinéma muet, et Marguerite Moreno, actrice également . Henry de Jouvenel est parti au front et avant de le rejoindre à Verdun, en toute discrétion, Colette meuble d’un quatuor de grande amitié cette solitude qu’elle ne peut supporter. Les quatre femmes ont quasiment le même âge, à l’exception de Musidora, la jeunette du phalanstère.
Quatre femmes aux cheveux courts – elles font fi des codes capillaires – qui se la jouent garçonnes en ce temps où Paris, livré aux femmes, ressemble à un gynécée.
Quatre femmes qui se partagent les tâches domestiques, à la guerre comme à la guerre, leurs ressources et secrets intimes. Quatre femmes qui font de leur amitié et de cette liberté inédite, une force.
» Quatre gourmandes que les restrictions alimentaires dues à la guerre mettent alors à rude épreuve. »
Prétexte à une nouvelle et passionnante approche d’une femme pour qui l’amour, sous toutes ses formes, est le credo de vie, la biographie aborde avec allant , ses deux mariages, avec Willy puis avec Henry de Jouvenel, sa liaison avec Missy – marquise Mathilde de Morny – Bertrand de Jouvenel de trente ans son cadet, mais aussi – et cela donne envie de creuser le sujet – le sentiment maternel qu’elle a porté à d’autres heureuses élues que Bel-Gazou, sa propre fille.
Si son allure semble rustique, si ce n’est excentrique, à bien des Parisiens et à l’aimable abbé Mugnier, Colette révèle, sous l’extraordinaire richesse de sa plume, un tempérament d’une sensibilité, d’une complexité abyssales.
Colette et les siennes, Dominique Bona, biographie, Ed. Grasset, mars 2017, 432 pp
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