Troisième et dernier volet, de notre saga Claude Monet en 3 D (ays): la visite de l’exposition qui lui est consacrée au Grand Palais (Paris), jusqu’au 24 janvier. C’est dire comme il est temps de s’y rendre (de jour ou de nuit) ou de consulter ce billet, à titre de (maigre) consolation.
Nourri de la superbe monographie que Michel de Decker a consacré à l’artiste (voir notre billet de faveur, d’hier) , vous aborderez les 165 oeuvres d’un parcours chronologique particulièrement intéressant. Si l’exposition s’inscrit d’emblée comme un événement majeur parmi les rétrospectives consacrées à l’artiste, on ne peut que déplorer le refus (? information à vérifier) du Musée Marmottan Monet de prêter les oeuvres qu’il possède et l’organisation, partant, d’une exposition concurrente. Nombre toiles ont donc traversé l’Atlantique pour s’offrir aux yeux (et audio-guides)des visiteurs subjugués. Le Musée d’Orsay a également pourvu à l’alimentation du parcours.
Reconnaissons-le: la production du peintre de génie, spécialiste des séries et des éclairages déclinés à toutes les heures de la journée, est à ce point riche, qu’elle peut se décliner en plusieurs lieux à la fois.
Les paysages « réalistes » de la première période picturale (autour des années 1865), révèlent tant d’oeuvres méconnues d’un Claude Monet bien souvent réduit aux représentations fondues et galvaudées des calendriers d’art. Révèlent aussi sa parfaite technicité et la fragmentation progressive des touches, véritable porte aux jeux de lumière essentiels à l’artiste (Terrasse à Ste-Adresse, 1867) .
La question mérite peut-être d’être posée de la distance requise pour la contemplation de certaines oeuvres, tel effet d’eau et de lumière s’estompant à l »approche de la toile, au profit de la simple juxtaposition des touches…
Une mention pour la toile « Pie » (1869), paysage de neige saisi dans la région d’Etretat , dont la texture irrisée, sublimée par une palette de couleurs sobres est tout bonnement …impressionnante.
1873 et son « Impression, Soleil levant » ( au Musée Marmottan -Monet) marque le début officiel de l’impressionnisme, plaçant ainsi Monet comme chef de file du mouvement.
Le parcours se poursuit dès lors avec une concentration pour les oeuvres de la dernière décennie du XIXe siècle, la mise en perspective de séries (peupliers, Nymphéas, meules, Venise… ) qui portent l’attention sur l’éclairage diurne cher au serial painter . Des scènes de la vie privée apparaissent (Camille dans son linceul..) qui se voient commentées par les audio-guides d’une orthodoxie un peu suspecte: sa liaison avec Alice Hoschedé du vivant de Camille et son parfait égoïsme familial semblent quelque peu occultés.
Vous ne manquerez pas de découvrir à la fin du parcours les deux fragments rescapés de l’immense fresque d’un « Déjeuner sur l’herbe » qui fut le projet obséssionnel de l’année 1865.
Et de télécharger le dossier pédagogique excellent proposé sur le site de l’exposition: www.monet2010.com
Apolline Elter
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