« Siècle après siècle, les œuvres les plus décriées ont souvent été la source de courants picturaux révolutionnaires: nymphéas, déconstruction cubiste, photos repeintes par Andy Warhol, lyrisme de Miró, bien mal avisés ceux qui brocardent la création artistique: elle est un acte de foi qui grandit l’homme. »
Les accros de Yann Kerlau – dont je suis – ne seront pas déçus: le rendez-vous que nous propose le passionné d’histoire, esthète éclairé, procède une nouvelle fois d’une recherche documentaire abyssale et d’une culture qui ne l’est pas moins.
Chercheurs d’art. Les marchands d’art hier et aujourd’hui.
Rendu passionnant par l’effet cumulé d’un talent de conteur et d’une plume magistrale, l’essai, tout frais paru, ce 12 mars, auprès des Editions Flammarion, dresse le portrait de sept marchands d’art, Théodore Duret, Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Daniel-Henry Kahnweiler, Peggy Guggenheim, Charles Saatchi et Larry Gagosian , trace l’atmosphère de leurs époques respectives. De Paris à New York, du XIXe siècle à nos jours, c’est le portrait d’une profession qui se dessine , celui d’un génie aussi, nourri de passion, de flair, de flammes et de son inéluctable évolution vers la spéculation.
Point de départ de cette puissante fresque : le scandale de la Maison Knoedler. Parangon d’honorabilité en matière de vente d’oeuvres picturales, la célèbre galerie new-yorkaise fermait ses portes en 2011, ruinée et taxée de trafic de faux.
« Les leçons de Kahnweiler, d’Ambroise Vollard et de leurs émules ont porté leurs fruits depuis des décennies: l’art moderne est un formidable jackpot qui fait fantasmer collectionneurs, marchands, hommes d’affaires et néophytes. Même si nombre d’artistes crèvent de faim, les gains faramineux des heureux élus font oublier la déconvenue des laissés-pour-compte »
Une épopée passionnante dont je vous recommande vivement la lecture
Apolline Elter
Chercheurs d’art. Les marchands d’art hier et aujourd’hui, Yann Kerlau, essai, éd. Flammarion, mars 2014, 300 pp, 20 €
Billet de faveur
AE: Votre carrière d’avocat vous a fait résider un temps à New York, Yann Kerlau. Est-ce là qu’est née votre fascination pour le négoce d’art?
Yann Kerlau: New York, plus encore que l’Amérique a été un choc pour moi : son gigantisme architectural va de pair avec l’énergie qui s’en dégage. J’ai immédiatement ressenti que Le MOMA, le Guggenheim mais aussi le Metropolitan Museum et les galeries d’art constituaient la meilleure école de l’oeil dont on puisse rêver. Tous exigent de nous que nous fassions table rase de toute idée préconçue. A l’époque, je n’avais pas en tête de me pencher sur le négoce de l’art et ses arcanes mais d’embrasser le champ artistique le plus vaste qui soit.
A noter: Yann Kerlau était, le mercredi 30 avril, l’invité de Franck Ferrand et de son émission « Au coeur de l’Histoire ». Je vous invite à la podcaster depuis le site d’Europe 1
Il est l’invité d’un déjeuner littéraire de L’Evantail, qui aura lieu, vendredi 23 mai à midi précises au B19 – Les inscriptions sont prises d’assaut qui s’effectuent via le magazine
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