« Pendant la nuit de la Saint-Barthélemy, chaque goutte de sang portait le nom de Dieu. »
S’il est un triste sire qui ne laissera à la postérité que le sanglant souvenir d’une nuit affreuse et du massacre de la Saint-Barthélemy, c’est Charles IX, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis. Velléitaire, Valois dégénéré de fin de dynastie, le jeune Roi de 22 ans, se voit entraîné par sa Mamma de mère et quelques conseillers mal avisés à ordonner l’odieux massacre de milliers de protestants. Nous sommes le dimanche 24 août 1572.
S’attachant, avec une tendre ironie, à brosser du monarque un tableau relativement humain – celui du looser-né – , Jean Teulé décrit avec verve et force détails l’impact désastreux du massacre sur le psychisme fragile de Charles IX: sombré peu à peu dans la démence, le Roi souffrira d’hématidrose, transpirant du sang par les pores de sa peau. Ne reculant devant aucun effet de scène, l’écrivain réussit le tour de culot de présenter le terrible massacre sur un ton badin, proche de la veine comique. C’est du Jean Teulé tout craché ….Admettons que le procédé aura au moins pour effet d’inscrire en notre mémoire des faits historiques avérés. Tel le rappel de l’Edit de Roussillon (9/8/1564) qui fixa au premier janvier, le début de l’année (voir notre billet de vendredi 1er avril). La tradition farceuse du premier avril et celle des poissons accrochés dans le dos seraient une conséquence directe du changement de calendrier.
Le Roi mourra, à 23 ans, d’une pleurésie, alimentant, à son corps défendant, les rumeurs sombres d’un empoisonnement.
Apolline Elter
Charly 9, Jean Teulé, roman, Julliard, mars 2011, 236 pp, 19 €
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