L’écriture – la lecture – de ce troisième roman de Marie Pourchet suscitera des vocations tranchées . J’ai aimé.
Pas aisé d’entrer dans le mental d’un ado de 14 puis de 15 ans – Fabien Bréckard – d’une névrose et d’un délire dont on peine à deviner la cause. Interné dans un collège, le jeune garçon consigne, à l’intention de sa psychiatre, le Professeur Lydia Frain, tous les événements, menus et grands, qui meublent son quotidien, dans une séquence de six cahiers.
« Contrairement à l’idée qu’on peut se faire de moi à ce stade, j’ai un copain. Il est établi, comme chaque soir, au niveau moins un de mon lit à étage. C’est personne. C’est mieux. C’est un loup.[…] Je l’ai mis natif de la Sibérie pour lui donner un passeport et du caractère, je l’ai baptisé Champion pour lui donner un avenir. »
Observant avec un humour narquois et un style envolé, dense, argotique, assez irrésistibles, les attitudes de son entourage, la discorde larvée qui mine le couple de ses parents, Fabien masque à coup sûr une faille, une fragilité qui le rendent attachant.
« Je n’aurais pas supporté de rater une autre vie que celle de ma mère »
Révélée au sixième cahier, la « part d’ombre » de la vie de Fabien apparaît enfin, donnant pleine raison au lecteur de son attachement. De son bouleversement.
Champion, Maria Pourchet, roman, Ed. Gallimard, mars 2015, 230 pp
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