S’il revendique la sélection subjective, voire fantaisiste, de quelque cent-vingt écrivains, de littérature française et étrangère, toutes époques confondues, l’Académicien Jean-Marie Rouart la justifie de manière très convaincante: sa galerie de portraits – brossés avec brio – rassemble tous les auteurs dont les oeuvres ont une portée autobiographique pour lui, entendez qu’elles l’ont constitué à un moment particulier de son existence.
» Je n’ai obéi qu’à mon penchant et à ma fantaisie. J’ai éludé à regret des monstres sacrés comme Goethe, Diderot, Byron, Dickens, au profit d’écrivains qui n’encombrent pas les autoroutes de la célébrité : P.-J Toulet, Luc Dietrich, Maurice Sachs, Malcolm de Chazal .. pour la simple raison qu’ils m’ont communiqué leur magie. »
Classés selon une découpe thématique psycho-philosophique, en « soleils païens, magiciens, assoiffés d’absolus, fracasseurs de vitres, printemps foudroyés, etc …. » les portraits des écrivains s’enchaînent, alertes, scintillants, soutenus d’un extrait représentatif de leurs oeuvres. L’occasion pour le lecteur de retrouver Rabelais, Cocteau, Colette, Lewis Carroll, Musset, Apollinaire, Zola, Genet, Céline, Cendrars, Jean d’Ormesson, Anaïs Nin, Gide, Balzac, Montaigne, Napoléon, De Gaulle, Baudelaire, Giono, Camus, Mauriac, Daudet, Carson McCullers… au gré de sa propre fantaisie, de s’offrir de nouvelles rencontres et de se délecter de formules qualificatives, magistralement ciblées.
» L’Européen fourdroyé« , Stefan Zweig – cher à notre blog – est ainsi qualifié de ‘Sainte-Beuve à qui auraient été donnés, en plus de l’intelligence, la passion et l’amour.‘
L’essai est brillant, la passion littéraire, généreuse.
Apolline Elter
Ces amis qui enchantent la vie, Passions littéraires, Jean-Marie Rouart, essai, Ed. Robert Laffont, août 2015, 910 pp
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