« Continuons, avant que tout ne s’évanouisse. Les particules fines de l’oubli envahissent déjà les détails. »
Le sujet est des plus tragique: le 23 décembre 2013, la narratrice perd sa fille unique, Camille, 16 ans, foudroyée en quatre jours par une fièvre inexpliquée, attribuée banalement, dans un premier temps, à la grippe
L’urgence saisit cette mère orpheline – il n’existe pas de vocable pour qualifier les parents en deuil de leur progéniture – de consigner en une sorte de longue lettre adressée à sa fille, toutes les étapes de son agonie, des (trop rares) relations avec le corps médical, des jours qui ont suivi son
Parce qu' »Ecrire c »est te prolonger. »
De consigner aussi le bienfait temporaire de la boisson à outrance, du réconfort de l’amitié:
» Et puis, on est partis pour passer notre troisième nuit seuls dans l’appartement, avec pour la première fois, la sensation d’un baume, les larmes des autres tapissaient notre douleur, la matelassaient en quelque sorte. C’est une sensation qui aura ses limites, mais qui, je crois, ce soir-là, nous a fait du bien. «
De mettre un point final, quatre mois après le cataclysme – des mois qui résonnent comme des années, à cette lettre qui reste sans réponse.
» Maintenant il va falloir finir d’écrire, écrire était encore un tremblement, un spasme de ta vie dans mes mots. J’ai peur de te laisser mais je me l’impose. Ne pas pleurnicher quatre ans quand tu t’es battue quatre jours; Tu as été si courageuse que mon courage sera dans ce dernier poin
Camille, mon envolée, Sophie Daull, roman, Ed. Philippe Rey, août 2015, 192 pp
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