Longue de trente années, du 10 mars 1913 au jour de sa mort, le 19 octobre 1943, la séquestration de Camille Claudel, la célèbre sculptrice, en institutions psychiatriques, asiles d’aliénés, émeut dès l’abord, l’opinion publique. Mais il faut davantage qu’une campagne de presse, aussi longue, aussi motivée, soit-elle pour infléchir la décisionde Madame Claudel, mère, née Louise Cerveaux. Jamais cette femme rigide, bourrée d’aussi pieux principes que de peur du scandale, ne reverra sa fille. Et même, elle sera la principale opposante à sa libération, lorsque proposition lui sera faite. Elle a peur de sa fille, la tient au loin, très loin en ce Vaucluse si froid l’hiver, histoire de ménager sa quiétude. Sa conscience, elle la calme par l’envoi de colis que sa fille reçoit avec une joie d’enfant et une gratitude surprenante.
Décortiquant étape par étape, les signes avant-coureurs de la maladie, le processus de l’internement, les courriers échangés et les quelque 16 rares visites que Camille Claudel reçu des siens et d’une amie durant près de trois décennies de séquestration à l’asile de Montdevergues, dans le Vaucluse, le psychiatre Michel Deveaux offre un regard neuf et autorisé sur cette tragédie.
Si l’état de délabrement physique et sanitaire de la quinquagénaire nécessitait une prise en charge, sa paranoïa, un internement, il est certain que celle-ci ne devait se prolonger si longtemps. L’attitude de sa famille n’a pas été un adjuvant…
Une chronoscopie sidérante
Et bien intéressante
Apolline Elter
Camille Claudel à Montdevergues. Histoire d’un internement, Michel Deveaux, essai, Ed. L’Harmattan, déc. 2014, 124 pp
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