Certaines amitiés sont animées d’un sentiment de dette. Tel s’enclenche l’attachement d’ Albert Maillard, soldat à la face lunaire à Edouard Péricourt, dont la face a été mutilée par l’éclat d’un obus.
S’estimant redevable envers lui de sa vie, Albert va se dévouer corps et âme à ce fils de famille à ce point déprimé qu’il préfère se faire passer pour mort aux yeux des siens. Une entreprise qui lui donnera bien des soucis.
» Il savait qu’on se remet de tout, mais depuis qu’il avait gagné la guerre, il avait l’impression de la perdre un peu plus chaque jour. »
Bouvard & Pécuchet ruinés d’une après-guerre désastreuse, les compères montent alors une …colossale escroquerie aux monuments de commémoration funéraire. Juste vengeance d’un destin qui ne les épargna pas?
« Ce qui se produisit à partir du 13 juillet pourrait figurer au programme des écoles d’artificiers ou de démineurs comme excellent exemple de situation explosive à allumage progressif. »
Maîtrisant avec brio tension, effet narratifs et quelques doses d’humour bien distillées, Pierre Lemaître dénonce l’abandon des Poilus par les Autorités, au sortir de la guerre 14-18. Il le fait de façon plaisante, offrant à notre lecture un roman – de facture sans doute plus masculine – drôlement bien ficelé.
Un coup de coeur de la rentrée littéraire.
Au revoir là-haut, Pierre Lemaître, roman, Albin Michel, août 2013, 570 pp, 22.50 €
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