Le décès accidentel de Gonzague Saint Bris, au début du mois d’août, confère à l’essai une allure testamentaire inopinée. Car bien sûr il en est, lui, de ces aristocrates pour qui la notion de service et de liberté priment celle de privilèges: il est un petit-fils des comte et comtesse Jean Saint Bris, résistants, respectivement décédés, à cinq jours d’écart, en décembre 1944, aux camps de Gross-Rosen et de Ravensbrûck –
‘L’aristocrate est noble parce qu’il sert les plus belles causes avec honneur. Il perd son panache et son statut quand il tombe dans la pire des servitudes, celle de la cour. L’aristocrate est lui -mêrne lorsqu’il est libre, encore plus lui-même lorsqu’il est rebelle. L’aristocrate est fidèle à ses valeurs lorsqu’il reste et qu’il résiste, il est encore dans la ligne de son idéal lorsqu’il fait le choix de partir pour la bonne cause. »
C’est à cette définition non paradoxale de rébellion que vont répondre ces quelque vingt-quatre portraits d’aristocrates , qui du XVIe siècle de Saint-Louis de Gonzague au XXe siècle beauvoirien vont défiler une vie dense et riche, sous la plume alerte, tellement vivante du regretté passeur d’Histoire.
Olympe de Gouges, Germaine de Staël, George Sand, Isabelle de Bragance, Simone de Beauvoir et même Sissi, sont pionnières de cette vision de femme forte, assumée, qui mit tant de siècles à s’installer. Leurs portraits sont flamboyants. A l’instar de ceux du marquis de La Fayette, Lord Byron, Alphonse de Lamartine, Léon Tolstoï, Henri de Toulouse-Lautrec, Winston Churchill, Antoine de Saint-Exupéry, Luchino Visconti et Nelson Mandela , le « Gandhi », sud-africain qui a payé sa rébellion de quelque vingt sept années de prison.
Une galerie de portraits, assortie d’un essai, de très noble facture
Apolline Elter
Aristocrates rebelles, Gonzague Saint Bris, essai, Ed. Les Arènes, août 2017, 336 pp
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