Si votre perception d’Andy Warhol se limite aux canettes de soupe Campbells, il est urgent que vous vous rendiez au Grand Palais (Paris) pour découvrir la superbe exposition lui consacrée… à l’art du portrait.
Inaugurée le 18 mars, l’exposition fermera ses portes le 13 juillet prochain.
Tête d’affiche, Ethel Scull, riche collectionneuse new yorkaise, fut la première personnalité à passer commande de son portrait . Résultat : 36 photomatons, d’attitudes contrastées, détendues et même comiques.
Rien à voir avec la rigidité des « Screen tests » que l’artiste réalise, cette même année 1963, dans l’usine désaffectée, baptisée Factory: il s’agit ni plus ni moins pour le sujet de fixer la caméra, trois minutes durant, en sourcillant le moins possible. Pas de quoi se sentir à l’aise. Le film sera ensuite projeté au rythme ralenti de 16 images par seconde..
Touche-à-tout de génie, dessinateur publicitaire, artiste d’affaires, producteur musical, cinéaste, co-fondateur de la revue Interview, … Andrew Warhola naît, à Pittsburgh (Pennsylvanie), le 6 août 1928. Ses parents ont quitté en 1913 l’actuelle Slovéquie pour s’installer aux Etas-Unis.
En 1949, Andrew débarque à New York, commence sa carrière de dessinateur publicitaire pour Vogue, Miller (chaussures), … et adopte le nom d’Andy Warhol.
C’est au début des années ’60 que le « Pape du Pop Art » composera ses premières sérigraphies à partir de photos de presse, photomatons et même, par la suite, de polaroïds.
Et nous voici au coeur de l’exposition, conçue comme un parcours thématique et chronologique de l’oeuvre d’Andy Warhol, portraitiste : un art « cosmétique » qui sublime la perfection – la superficialité – des stars de cinéma, personnalités politiques, d’affaires et de génie, ..qui traque et fixe leur « iconicité ».En filigranes, l’ombre de l’ambiguïté sexuelle (Ladies & Gentlemen), criminelle (Thirteen most wanted men) , la désacralisation de l’individu (Mao Tse-Tung) et de la mort omni-présente. Et surtout, ce côté subversif de l’art conçu comme un produit de consommation – pur produit de notre société de consommation – et la rupture de l’unicité d’une oeuvre, la multipliant au gré de caprices infinis…
L’intérêt sociologique de l’exposition n’est pas le moindre de ses atouts..
Andy Warhol (6.8.1928 – 22.2.1987)
Apolline Elter.
Exposition “Le Grand monde d’Andy Warhol” : Galeries nationales (Grand Palais, Champs Elysées), à Paris du 18 mars 2009 au 13 juillet 2009.
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