Ame-mitié

I-Moyenne-155995-correspondance-francois-de-sales-jeanne-de-chantal.net.jpgC’est une amitié supérieure qui unit Jeanne, baronne de Chantal (1572- 1641) à  François de Sales (1567-1622) , évêque de Genève, son directeur de conscience. Une relation ancrée sur les cimes oxygénées de l’amour pur, désincarné. Une amitié « surnaturelle » Une relation d’âme à âme, tout simplement. Vécue dans une surprenante sérénité.

 Fraîche veuve du baron Christophe de Rabutin Chantal, inopinément tué  en 1601, lors d’une partie de chasse,  par la maladresse d’un de ses compagnons,  Jeanne Frémyot est elle-même issue de la noblesse de robe – de mortier –  fille de Bénigne Frémyot, Président …à mortier du Parlement de Bourgogne.  La jeune femme assume un veuvage d’autant plus éprouvant qu’elle a la charge de quatre jeunes enfants, dont Celse-Bénigne, l’aïné, âgé d’à peine cinq ans au décès de son père. Vous aurez reconnu en lui le futur père de Marie de Rabutin- Chantal, future marquise de Sévigné mais ça c’est une autre histoire.

Lors du Carême 1604 e plus précisément en date du 5 mars, Jeanne fait LA rencontre spirituelle de sa vie. Elle assiste, à Dijon, aux sermons d’un jeune et charismatique évêque de Genève, nommé François de Sales. D’emblée les âmes se reconnaissent et savent qu’elles auront un destin commun: Jeanne et François fondent en 1610, à Annecy, l’ordre de la Visitation en un modeste couvent dont Jeanne sera mère supérieure.

 D »emblée aussi se génère une abondante correspondance qui permet aux scripteurs d’exprimer tant leur -sainte- affection, que des soucis matériels et de santé. Il semble, en effet que Jeanne ait été la proie de maux constants, constamment enjointe par François, son directeur de conscience, de se reposer, de prendre soin d’elle; De cette correspondance, il reste quelque trois cents lettres écrites de la plume de François, 46 seulement, de celle de Jeanne. A la mort  de François de Sales, fin 1622, Jeanne a entrepris de brûler la majeure partie de sa correspondance. C’est décidément un trait de famille.

 Une correspondance aux tournures vives, fraîches, assez spontanées, qui montre, si besoin est, que la sainteté n’est ni figée, ni exempte de doutes. Une sainteté toute simple, en somme. Elle fut éditée en un généreux volume de 900 pages, voici un an, telle  » la chronique de la plus extraordinaire amitié de tous les temps. « .  

  » Ecrivez-moi donc, et souvent et sans ordre, et le plus naïvement que vous pourrez, j’en recevrai toujours un extrême contentement.  »

 Soulignons également le côté pionnier de Saint François de Sales de la rédiger en français.  Un côté pionnier que l’on retrouve dans l’heureuse initiative du prélat de faire imprimer ses sermons pour les placarder à travers la ville, distribuer dans les habitations, ouvrant ainsi un large public à la voie de la méditation.  C’est ce qui a valu à Saint François de Sales de se voir décerner , en 1923, du titre de saint patron des journalistes ( NDLR et des écrivains), fêté le 24 janvier de chaque année…

 François de Sales et Jeanne de Chantal, Correspondance, éditée et présentée par David Laurent – introduction par Max Huot de Longchamp, Ed Desclée de Brouwer, 2016, 900 pp