» J’ai d’abord fait croire à mon entourage que j’écrivais un roman et à force de mentir, j’ai fini par l’écrire »

Ce 24 septembre résonne d’un triste anniversaire – celui du décès, il y a juste dix ans, de l’écrivain devenue Sagan en 1954, propulsée au faîte de la gloire par le succès phénoménal de son premier roman, Bonjour tristesse (Ed Julliard – voir chronique sur ce blog) 

« Ca elle ne devait pas être facile à prendre en photo. Elle bougeait trop. Sagan par-ci, Sagan, par-là. Alors, elle écrit vite, roule à toute allure, brûle les nuits et les feux rouges. L’ennui, voilà l’ennemi« 

Signé Eric Neuhoff, l’avant-propos donne le ton d’un album rassemblant de nombreuses photos d’enfance et de vie de la célèbre écrivain, soutenues de textes autobiographiques extraits d’Un certain regard et de Maison louées.

« Sous la mèche se cache la prunelle futée de la demoiselle bien élevée qui se garde des vices pour ses vieux jours »

Le rendu en est réussi, cohérent, particulièrement émouvant.

Restituons-en quelques bribes…

« Il en résulte qu’il y a certaines valeurs d’adulte auxquelles je ne comprendrai jamais rien. Je n’ai jamais eu le sentiment d’une césure entre mon enfance et ma vie d’adulte. Et cela m’a souvent prodigieusement gênée. »

 » A dix-huit ans, j’ai été plongée dans une légende qui ne me concernait pas: voitures de sport, Epi-club, et Saint-Tropez, verres de scotch… Etiquette assommante. j’ai choisi la fête parce que c’était chez moi une envie profonde. Mais voilà des années que je suis poursuivie par un bruit de glaçons, de tôle froissée, de machine à écrire qui vibre, de ragots, de mariages, de divorces, bref, ce que le public appelle: « la vie d’artiste »!

« Car on ne m’ôtera jamais de l’idée que c’est uniquement en se collectant dans les extrêmes de soi-même, avec ses contradictions, ses goûts, ses dégoûts, ses fureurs, que l’on peut  comprendre un tout petit peu, oh, je dis bien un tout petit peu, ce que c’est que la vie. 

En tout cas, la mienne..« 

Apolline Elter 

Album Sagan, Carnets (illustrés) – Avant-Propos d’Eric Neuhoff, éd. de L’Herne, nov. 2008