Pour la petite fille qu’était Brigitte Benkemoun, le nom d’Albert Achache, son arrière-grand-oncle, mort à Auschwitz, symbolisait tant la barbarie nazie que la trahison, l’affreuse délation dont il fut victime durant la seconde Guerre.
Plus tard, elle découvre que le nom est accolé à celui d’un certain Monsieur Roux, son riche père adoptif.
Le mystère point que l’écrivain n’aura de cesse de percer, se livrant à une enquête vaste, minutieuse, véritable reconstitution de la vie de ce séduisant jeune homme, algérien, juif, séfarade et homosexuel. Et le lecteur d’assister à l’élaboration d’un puzzle passionnant, d’un récit rendu vivant par l’emploi du présent, le partage des questions et doutes et la portée historique de ce destin particulier. De réaliser qu’une fois encore c’est la question d’identité française qui a été malmenée. Mais c’est aussi celle d’une homosexualité jugée tabou.
« Mais perpétrer l’omerta, n’est-ce pas entretenir la honte? «
Distillant savamment ses découvertes, le cheminement de ses réflexions, l’auteur nous saisit d’une empathie assez irrépressible.
» L’enquête et l’écriture sont des enfermements où l’obsession se joue parfois de la raison. »
Un magnifique témoignage familial, tendre, intègre et captivant.
Apolline Elter
Albert le Magnifique, Brigitte Benkemoun, essai, Ed. Stock, sept 2016, 306 pp
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