Un titre proustien pour un ouvrage riche de mémoires – non conformes – et de vies, qui verront l’homme d’Etat, professeur d’Economie, académicien, écrivain – avec la publication de 43 publications à son actif – peintre, poète, mélomane… avertis, époux aimant, fils respectueux et père d’une famille nombreuse, décrire ses multiples existences « en les présentant comme un recueil d’expériences plutôt qu’un catalogue de souvenirs indélébiles.«
De sa prime jeunesse louvaniste aux voyages en Globalistan, vaste village qu’est devenu le monde, Mark Eyskens nous livre une vision planétaire des XXe siècle et XXIe siècle naissant, ne négligeant pour autant sa patrie d’attache que constitue la Belgique , via les portraits de Gaston Eyskens, son père, du Roi Baudouin dont il fut proche et d’une multitude de personnalités rencontrées.
« Quand j’ai quitté le gouvernement en 1992, j’étais resté un idéaliste sans illusion, ce qui est mieux que de finir en illusionniste sans idéal. »
Et le lecteur de découvrir, au-delà de la chronique d’années passées au service de l’Etat et des événements qui l’ont marqué, la quête d’un sens à la vie qui compose avec la fatalité de l’entropie, de la disparition inéluctable de la vie sur Terre.
Une somme de quelque 650 pages, dense, riche et brillante, écrite en français par un grand homme qui se sait affublé d’une « propension maladive à l’écriture« :
« Mon mal scriptural est par ailleurs aggravé par la passion pour la parole, pour les improvisations et les discours à l’emporte-pièce. Certains savants ont diagnostiqué une forme d’incontinence verbale appelée logorrhée, incurable dans l’état actuel des connaissances scientifiques«
…et d’un humour très attachant.
Apolline Elter
A la recherche du temps vécu. Mes vies. Mark Eyskens, Ed. Racine, 672 pp, février 2010, 29,95 €
Alors qu’il a quitté le gouvernement depuis 18 ans, c’est dommage que son image d’homme politique lui colle toujours à la peau, car j’ignorais qu’il avait écrit tant de livres. C’est bien qu’il ait fait publier ses mémoires à la fois en français et en néerlandais. Il y a encore des responsables politiques flamands qui ne s’arrêtent pas juste à leur communauté linguistique. Je vais noter ce titre car votre article me donne envie de le lire. Actuellement, je viens de finir le récit autobiographique « L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers » de Nicole Versailles (voir compte-rendu sur mon blog des écrivains) et je viens de commencer l’ouvrage collectif « Léopold II : entre génie et gêne ».
Ah si les journées pouvaient avoir plus de 24 heures pour pouvoir lire tout ce dont j’ai envie…