On connaissait la passion – et l’érudition- de Georges Lebouc – pour toutes les manifestations du langage: avec une quarantaine de livres à son actif, le linguiste a exploré le français, l’italien, l’espagnol, … le bruxellois, traquant l’origine des expressions, dans leurs manifestations les plus savoureuses.
Il frappe fort, cette fois encore, avec un dictionnaire sympathique, ludique, sérieusement documenté, qui ravive la mémoire de personnages dont les noms sont enfouis en notre langage quotidien : Aloïs Alzheimer, André-Marie Ampère, Nicolas Appert, Louis de Béchamel, Sébastien Bottin, Lord Sandwich, le baron Raglan, le Comte de Cardigan, Nicolas Chauvin, le Père Clément, Tijl Uylenspiegel, Candido Jacuzzi, la délicieuse granny Smith, Giuseppe Borsalino, le Seigneur de La Palice, Rudolf Diesel, Eugène Poubelle, le bonnetier Maillot, le général Tom Pouce, … et tant d’autres ..seront ravis de vous livrer- en langage clair et avenant, les secrets de ces découvertes qui assureront leur postérité. Vous cèderez au charme de délicieux vocables et expressions, curieux de percer les mystères de leurs origines: le vase de nuit bourdalou, les baldaquin, faubert, galopin, greluchon, galimatias, ripailles, jean-foutre, jean-fesse, marie-jeanne, gugusse, marie-louise, fouquet, échalotes et petit-suisse…fonderont sous votre langue, alimentant de science fraîche les quizz et autres jeux de famille. Quand vous ne vous adonnerez à une philippine, joyeuse joute verbale dont la conduite vous est dûment précisée.
Un ouvrage de référence qui allie la légèreté de la plume à la rigueur de la science.
Et un « Lebouc », me direz-vous? Du bruxellois, « Le Boek », il désigne l’ouvrage, publié bien à propos, en la nouvelle maison d’édition Avant-Propos, que vous brûlez de savourer en ce week-end pascal…
Je vous le recommande vivement.
Apolline Elter
2500 noms propres devenus communs. Dictionnaire étymologique d’éponymes, antonomases et hypallages, Georges Lebouc, Avant-Propos, 656 pp,
Billet de faveur
AE: George Lebouc: En regard des séquences alphabétiques, vous ponctuez les chapitres de grisés thématiques: les étymologies trompeuses, les vêtements, les comédiens, anagrammes, botanistes, etc…densifiant de la sorte la visée didactique de l’ouvrage. Vous êtes un pédagogue-né, …n’est-ce pas?
Georges Lebouc: Pédagogue né ? Sans doute, si la pédagogie consiste à faire comprendre des notions parfois difficiles et de le faire sans pesanteur car ma devise, qui vient de Montesquieu est « La gravité est le bonheur des imbéciles ». Pédagogue heureux aussi puisque je continue à rencontrer très souvent d’anciens étudiants et que j’ai le bonheur de publier, autre façon, pour moi, d’enseigner par l’écrit après l’avoir fait par la parole.
AE: Vous avez, vous aussi, dû faire d’heureuses et surprenantes découvertes en travaillant à cette colossale somme. Pouvez-vous nous en citer une qui vous revient, à brûle-pourpoint?
Georges Lebouc: Plus l’origine était difficile à percevoir, plus le mot m’intéressait. C’est ainsi que lorsqu’on mit au point le gardénal, aux laboratoires Rhône-Poulenc, on chercha désespérément un nom pour ce nouveau produit. Or, le véronal, qui avait précédé, avait connu un réel succès. Quelqu’un dit « appelez ça comme vous voulez, mais, surtout, gardez « nal ». » On se précipita sur cette idée et, surtout, sur ce nouveau mot qui est passé de marque déposée à une sorte de synonyme de barbiturique.
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[Ndlr: L’ouvrage a fait l’objet d’un coup de coeur, ce 13 mars, au JT de 13 heures (TF1)
http://videos.tf1.fr/jt-13h/javel-bechamel-sandwich-ces-noms-propres-devenus-communs-7056494.html
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