« Je suis la petite-fille d’un monsieur qui s’appelait Paul Rosenberg et qui habitait à Paris, au 21 de la rue La Boétie »
L’élément déclencheur de cette enquête minutieuse qu’Anne Sinclair entreprend sur la personne de son grand-père maternel, marchand d’art réputé, exilé à New York, durant la seconde Guerre est la question d’un employé administratif borné, relative au lieu de naissance de ses quatre grands-parents.
» Il ne s’agit pas là de tracasseries administratives. C’est la réactivation de ce débat malsain sur « l’identité nationale « , qui empoisonne la France. «
Organisant ses recherches à travers les divers lieux de France et de New York où vécut son grand-père, la célèbre journaliste du 7/7 en retrace la carrière et quelques bribes d’une vie privée parfois douloureuse.
Intime de Picasso – pour un temps son voisin au 23 de la rue La Boétie – qu’il fait passer » de la position d’avant-garde à celle de maître de la peinture moderne« , Paul Rosenberg exerce une influence déterminante sur les artistes de son temps, tels Henri Matisse, Georges Braque, Marie Laurencin.., agissant pour eux comme un mentor plutôt qu’un « simple » passeur d’oeuvres . Il conçoit son métier avec intégrité et panache, subissant de plein fouet le « gigantesque larcin [Ndlr: d’oeuvres d’art] opéré en France par les nazis » et l’indigne déchéance de nationalité infligée par le régime de Vichy.
Analysant avec une tendresse, pourvue de rigueur et d’honnêteté, ses racines familiales, sa relation avec un grand-père hors du commun et sans doute méconnu, le testament spirituel qu’il lui lègue, Anne Sinclair offre un témoignage passionnant et assez inédit sur l’avènement d’artistes au début du XXe siècle, le climat délétère de la Seconde Guerre et la confiscation criminelle d’oeuvres d’art par l’Occupant.
Une lecture recommandée.
AE
21 rue La Boétie, Anne Sinclair, biographie, Grasset, mars 2012, 302 pp, 20.5 €
Cet ouvrage me semble très intéressant. Merci d’en parler. Maintenant, j’ai du mal à comprendre pourquoi une femme aussi belle, intelligente et charismatique comme Anne Sinclair peut rester avec un type comme Dominique Strauss-Kahn qui la ridiculise aux yeux du monde… L’amour sans doute, mais bon, c’est dur à comprendre. Bon dimanche Apolline.
Merci pour votre fidélité qui me ravit. La lecture de cet ouvrage m’a ouvert les yeux sur l’énorme détournement d’oeuvres d’art pendant la guerre – c’est un sujet que je ne connaissais pas – ainsi que sur l’avènement d’artistes aussi connus désormais que Picasso, Braque, Marie Laurencin.. Avec le style journalistique, précis, nuancé qui est le sien, Anne Sinclair réussit à rendre prodigieusement intéressant l’enquête sur un grand-père assez prodigieux lui aussi. C’est une femme d’exception, sans l’ombre d’une contestation!
Excellent dimanche!
Apolline
Apolline