« Laissez-moi vous dire une chose: dès mon entrée dans l’asile de l’île, je me suis départie de mon rôle de démente. Je parlais et me comportais en tout point comme d’ordinaire. Mais, chose étrange, plus je parlais et me comportais normalement, plus les médecins étaient convaincus de ma folie, à l »exception d’un homme, dont la bonté d’âme et la courtoisie restent gravées dans mon souvenir. »
Ces lignes sont écrites de la main de Nellie Bly (1864-1922) pionnière des journalistes d’investigation, telle Florence Aubenas.
Engagée en 1887 au New York World, la jeune fille se voit confier une singulière mission: il s’agit de se faire passer pour folle pour être admise dans un asile d’aliénées et y observer, de l’intérieur, les conditions de vie.
L’admission se fait plus facilement que prévu: il ne faut pas grand’chose pour convaincre les médecins de l’époque d’une probable aliénation
Il suffit pour certaines de parler tout simplement une langue étrangère, l’allemand, par exemple, ignorée des autorités.
Nellie découvre alors l’enfer concentrationnaire du Blackwell’s Island Hospital: la malveillance règne en maître parmi le personnel; humiliations, mauvais traitements, punitions et médications outrancières sont infligée à des patientes, aggravant drastiquement les maux dont elles souffrent (et qui ne sont pas nécessairement d’ordre mental)
Délivrée de cette détention, Nellie témoigne, alerte les autorités et le focus permettra une première amélioration des conditions d’enfermement et des traitements
Un témoignage édifiant
Apolline Elter
10 jours dans un asile, Nellie Bly, récit, publié dans le New York World, 1887, traduit de l’anglais ( Etats-Unis) par Hélène Cohen et publié aux Editions du Seuil ( Sous-sol) en 2015 / Points, 2016, 160 pp